Profitez de l'instant avec le R&B yummy de UMI

par Amaury, le 25 avril 2020

Si vous êtes lassés du R&B de loveurs claqués, dont la plus vulgaire des techniques de drague ne parviendrait plus à vous sortir de ce confinement ; de cette musique lo-fi aussi collante qu’une burne de slip humide sous canicule ; des émotions dégoulinantes de la soul qui invoque tout autant ses ex-petits amis que l’aide de dieu dans la même coulée de larmes : lancez immédiatement n’importe quel titre de UMI, à commencer par son dernier single en date, "Mother".

La chanteuse de Seattle, à présent installée à Los Angeles, propose une soul alternative qui tend, selon elle, vers un « r&b de chambre ». Dans les premières mesures, on ne parvient pas spécialement à capter les particularités de son identité qui s’approche assez, sur les manières, de ses idoles dont SZA prend la tête. On pourrait même dire parfois qu’il s’agirait de productions beaucoup moins travaillées et moins organiques que celles de Lianne La Havas.

Une fois ces appréhensions levées, le souffle typique de UMI peut se faire ressentir avec plus de prégnance : partagée entre ses origines africaines et japonaises, l’artiste diffuse un flux mélodique qui sillonne de l’une à l’autre dans un mouvement calme et apaisant, sans déchirures ni tiraillements. Par cette nouvelle teinte et cette volonté propre, le R&B alternatif se pose enfin, pas seulement pour baiser ou pleurer – il se pose sans autre but que de vivre l’instant.

Quand on voit l'évolution de la chanteuse au fil de ses projets, qui ont d'abord commencé assez timidement par des covers avant d'enchaîner les titres plus personnels, on attend qu'une grande structure se décide enfin à la lancer sur l'exercice plus ample de l'album. Au vu de la finesse et de l'élégance typique dont s'est chargée sa musique à chaque nouveau titre, pour figer sa signature loin des spectres de ses homologues ou des ses maîtres (coucou Badu), il est certain que le genre devra compter sur UMI comme l'une de ses étapes incontournables.

On vous laisse sur son excellent EP de 2018, Interlude, certes plus convenu et moins actuel, mais déjà chargé du noyau noble qui fonde l'éclosion de son talent.