Le double EP de Denzel Curry: une claque pour les amateurs de rap schizophrène

par Aurélien, le 17 juin 2015

Une vraie Arlésienne ce grand retour aux affaires de Denzel Curry... Si ce blase incongru ne te dit rien, sache que tu n'as ni affaire au frère du MVP Stephen Curry ni à un cousin éloigné de Denzel Washington. Non, en fait tu as affaire à l'un des plus beaux outsiders du Raider Klan, collectif mythique de la scène cloud rap mené par SpaceGhostPurrp. Et en marge de la fine équipe de MCs qui l'a fait connaître, le mec se construit une discographie solo qui n'a rien à envier à celles des ténors du genre.

Le début des hostilités, c'était en 2013 avec la sortie de Nostalgia 64. Un disque de rap comme on en écoute peu, honteusement passé sous silence malgré des visuels de première bourre. Pas de featurings extravagants, si l'on excepte peut-être celui de Robb Banks, MC talentueux que le monde connaît comme le fils de l'auteur de "It Wasn't Me". Pas de producteurs de renom non plus. Et pourtant, ce premier LP était incroyablement racé, finement construit et pensé avec les usual suspects de l'entourage du MC. Le résultat? Un album aussi thug que nerd, riche en reliefs et en bangers, et baigné dans une délicieuse ambiance schizophrène.

Le tableau était déjà alléchant. Te voilà maintenant prêt à t'enfiler le double EP fraîchement débarqué sur son Soundcloud. Et ici, à casting équivalent, changement total de décor: des abîmes de l'homme, te voilà catapulté dans une ambiance "Mad Max meets Three Six Mafia". Disque de dirty south post-apocalyptique qui ne prend pas le temps de faire dans le détail, Denzel Curry Presents ... 32 Zel / Planet Shrooms EP prend en tout cas le temps de proposer deux univers: un premier totalement Memphis, fidèle à ce qu'un Lil Ugly Mane pourrait sortir s'il n'était pas parti en retraite anticipée; un second davantage sci-fi, qui n'est pas sans rappeler ce que sortaient des labels comme Definitive Jux dans les années 2000.

Pas besoin de choisir de camp en tout cas: ce double EP est une vraie tatane. Cinquante minutes de gros son, qui, on l'espère, sauront trouver un retentissement à la hauteur des exigences de son auteur. En attendant toutefois de savoir si Denzel s'en ira concurrencer les plus grands, on vous recommande de tendre la joue gauche, de cliquer sur play et de juger sur pièce...