Concert

Marsatac 2010

Marseille, le 23 octobre 2010
par Soul Brotha, le 31 octobre 2010

Après un cru 2009 quelque peu décevant, on peut dire que le Festival Marsatac a signé son grand retour au premier plan pour sa 12ème édition. Avec un line up satisfaisant, alliant pointures internationales (Mr. Oizo, Talib Kweli), figures hype (Aeroplane, A-Trak) et formations plus confidentielles, on pouvait s'attendre à un week-end réussi. Et ce fut le cas. D'autant plus que le "Festival Nomade" s'est trouvé un nouveau point de chute, la Friche de la Belle de Mai, un endroit spacieux et superbement décoré déjà devenu un endroit typiquement Marsatac.

Avec ses 4 scènes, il est totalement impossible de suivre l'intégralité du Festival alors on se promène d'un coin à l'autre s'arrêtant ou traçant son chemin selon les premières impressions qu'apportent les artistes si bien que personne n'a véritablement vécu les mêmes soirées. Pour autant, certains artistes auront plu à tout le monde. En tête de ceux-ci, on trouve l'impérial Beat Assailant. Avec son groupe massif, le rappeur d'Atlanta a livré un set de toute beauté, balayant ses trois albums. Le plus plaisant étant de voir une alchimie et une complicité jouissive entre tous les membres du groupe. D'autant plus qu'avec autant d'instruments (saxo, clavier, trompette...), toutes les combinaisons sont possibles et on zappe allègrement entre hip hop et jazz. 

Dans ce même style, on peut déplorer une prestation plus que moyenne de la formation américaine IsWhat?!. Un rappeur mou du genou, un groupe de jazz franchement inutile car au service de morceau peu imaginatifs. Tout ça était bien trop austère, la comparaison avec les frenchies de BA n'est pas flatteuse.

Dans le rang des déceptions, on trouve aussi les Brésiliens de Cibelle. De cette formation confuse, on retiendra beaucoup de forme, d'apparence mais finalement un son vaguement pop plutôt ennuyeux. Une fois qu'on passe outre leurs cabrioles sur scènes et leurs vêtements bariolés, ces gens n'ont visiblement pas grand chose à offrir.

Il est d'ailleurs assez intéressant de constater que ce groupe passait juste après l'ingénieux Boogers. Lui, en revanche, était juste tout seul avec sa guitare et sa MPC et c'était comme si il y avait tout un orchestre derrière lui. Ce garçon tout frêle est capable, l'air de rien, de sortir des morceaux très accrocheurs. Comme quoi, il suffit juste d'un peu de talent... 

Et du talent, le beatboxer Beardyman en a à revendre! Comme toujours dans ce registre là, il s'agit surtout d'une performance plus qu'autre chose mais tout de même, ça reste très impressionnant. Dommage simplement que le son de la salle Cabaret n'aie pas été à la hauteur. C'est d'ailleurs devenu problématique lors de l'apparition des québécois de Misteur Valaire qui ont dû commencer leur prestation avec bien du retard et dans des conditions compliquées. Le peu de choses entendues étaient plutôt pas mal, en plus, très énergique.

En parlant d'énergie, certains en ont parfois un peu trop à revendre. Ce fut le cas de l'insupportable Missill. Cette espèce de DJ punkette sortie d'un mauvais manga aura pollué tout son monde lors d'un set, bruyant, pénible, interminable. Dans le fond, il n'y a rien de mal à ça mais ça se programme à 4h du mat plus qu'à 22h... Surtout qu'en plus, à peu près au même moment, c'était au tour de Féfé de monter sur scène. Le membre du feu Saïan Supa Crew a beau obtenir un joli succès dans les bacs, il n'en reste pas moins un chanteur de varièt assez tiède. Le plus dérangeant dans cette histoire, c'est cette impression d'accentuer le cliché du "jeune de banlieue sympa" (en parlant en verlan etc) alors qu'il est évident que Féniksi vaut bien plus que ça. Quand on se souvient des lives étourdissants du SSC, comparé à la mollesse de Féfé, on se sent fatalement un peu nostalgique.

Le point d'orgue de la deuxième soirée fut la venue du grand Talib Kweli. L'année dernière, la tête d'affiche se nommait Raekwon et il avait passé son temps à picoler et faire de la pub pour son Twitter alors il y avait un peu d'appréhension. D'autant plus que l'acolyte de TK, Mos Def, était aussi venu à Marsatac en 2007 délivrer une prestation assez nulle. Mais cette fois, le rappeur de Brooklyn a été impeccable! Au top de sa forme, il a balayé les multiples projets ayant émaillé sa carrière (ses solos, Reflection Eternal, Black Star...) dans une ambiance surchauffée.

Voila, c'était du bon Marsatac comme on l'aime: éclectique, un peu foufou et plein de surprises, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. On pourrait reprocher certains petits couacs matériels comme ces soucis de son, certaines difficultés à se déplacer lors de grandes affluences dans les artères du site mais ce serait faire preuve de mauvaise foi dans cette Friche nouvellement investie, gageons que tout cela sera corrigé l'année prochaine. Car oui, le plus rassurant au final, c'est de se dire que Marsatac a plus que jamais un avenir brillant devant lui. Malgré d'improbables soucis logistiques et un abandon total des services municipaux (il semble qu’on n’aime pas trop les événements valorisants la ville de Marseille du coté de la Mairie...), le Festival est toujours là et bien là et ça ne risque pas de changer.

Ndr: Votre serviteur n'a pas pu se rendre à la troisième soirée (et il s'en mord les doigts parce qu'il y avait tout de même A-Trak, Mr.Oizo, Erol Alkan, Daedelus et Aeroplane...).

(Crédits photo: Marsatac, Flickr)