Concert

Hot Chip

Ancienne Belgique, le 3 novembre 2012
par Jeff, le 4 novembre 2012

Votre serviteur a toujours eu une relation très particulière avec Hot Chip. Des albums attendus avec impatience, des premières écoutes carrément ensorcelantes, mais un enthousiasme qui s’étiole à mesure que passent les semaines, la faute à des disques portés par une poignée de titres imparables noyés dans un océan de trucs « juste bien ». Bref, de quoi faire des Anglais le groupe taillé sur mesure pour un bon vieux best of des familles. Avec aujourd’hui cinq albums dans leur escarcelle, les Londoniens seraient bien inspirés de déposer sous nos sapins de Noël un petit pot-pourri de leurs meilleures vignettes électro-pop.

Mais ce n’est pas cette démarche bassement mercantile qui nous occupe aujourd’hui, mais bien leur passage ce samedi soir à l’Ancienne Belgique. Et si lors de leur récent (et très convaincant) passage au Pukkelpop on s’était étonnés du peu de monde présent dans le Marquee, la salle bruxelloise affichait cette fois complet depuis plusieurs semaines. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les bougres nous en ont donné pour notre argent – même si pour le prix exigé, on aurait quand même apprécié que la première partie ne se limite pas un à simple DJ set de Moonlight Matters.

Le premier point fort de Hot Chip, c’est qu’il y a toujours quelque chose à voir sur scène. En vrac, une nouvelle batteuse toute mignonne (Sarah Jones de New Young Pony Club, dont le jeu fait penser à celui du métronome Pat Mahoney de LCD Soundsystem), un Owen Clarke qu’on n’aurait jamais voulu voir danser et un bassiste (Rob Smoughton, aka Grovesnor) resté bloqué dans un épisode de Hawaï Police d’Etat. Mais le clou de ce spectacle un brin WTF, c’est quand même Felix Martin qui, d’un bout à l’autre du concert, n’aura pas esquissé le moindre mouvement, donnant davantage l’impression d’être captivé par une partie super compliquée à World of Warcraft que de donner un brin de substance à un concert qui n’en manquait certainement pas. Et on ne vous parle même pas du costard d’Alexis Taylor.

Ce qui nous amène à l’autre point fort de la version live de Hot Chip : les Anglais subliment les versions originales de presque tous leurs titres. Celui qui a vu le groupe ces dernières années connaît ce processus, mais il faut bien reconnaître qu’en 2012, il a atteint une certaine forme de perfection dans l’interprétation de titres qui finissent presque par ressembler à des remixes – l’exemple le plus frappant étant certainement la version dopée aux claviers baléariques de « Boy From School » qui pourrait faire penser qu’elle a été réécrite par Aeroplane. Il en aura été de même pour « Brothers » (peut-être l’un des meilleurs moments du concert), « Over & Over », « Shake a Fist » ou le « Let Me Be Him » qui a clôturé un concert ultra-énergique dans un déluge de claviers. Et on comprend combien ces bidouillages sont chers à la bande au binôme Alexis Taylor / Joe Goddard quand on jette un œil à la setlist de ce concert bruxellois : 16 titres qui puisent dans toute la discographie du groupe (même Coming On Strong aura été brièvement visité) avec une petite reprise du « Everywhere » de Fleetwood Mac pour les plus attentifs.

L’air de rien, c’est pendant 1 heure et 40 minutes que Hot Chip nous a régalé avec un concert qui n’a jamais connu le moindre temps mort – même si le tranquille « Look At Where We Are » est tombé un peu comme un cheveu dans la soupe, entre « Over & Over » et « Brothers », et a été accueilli par l’indifférence d’un public qui voulait surtout poursuivre la fête. Et s’il est vrai que l’écoute des albums de Hot Chip dans le confort d’un salon peut laisser de marbre sur la longueur, leur conversion au format live n’aura jamais été aussi efficace qu'en 2012, surtout lorsque le groupe opte pour une formule « best of revu et corrigé » de sa discographie.

Setlist:

Shake a Fist
Boy From School
Don't Deny Your Heart
One Life Stand
Night and Day
Flutes
Over and Over
Look At Where We Are
Brothers
How Do You Do?
Ready For The Floor
Everywhere (Fleetwood Mac cover)
Hold On

Rappel:

Crap Kraft Dinner
I Feel Better
Let Me Be Him