We Are Proud Of Our Choices

On vous parle rarement de disques banals : si la rédaction de Goûte Mes Disques aime vous surcharger de disque plus recommandables les uns que les autres, voire vomir ses lignes acerbes sur l'un ou l'autre déchet musical, on ne rédige jamais des tonnes de lignes à propos du disque lambda - lui qui a pourtant la lourde tâche de composer le ventre mou de l'industrie du disque. Et la modernité veut que la première victime de ce constat à tomber au front soit la sélection électronique mixée. Le « Mix CD » (payant du moins) n'a plus la cote, et pour cause : l'influence grandissante des blogs proposant une foultitude de sélections en tous genres et autres captations live a sensiblement affaibli l'impact que pouvait avoir la compilation mixée « officielle ».

De leur côté, les labels réference (Trapez, Get Physical, Ostgut Ton, Bpitch Control,...) et les institutions de la compilation mixée (Fabric, Dj-Kicks, At The Controls, Balance, Renaissance,...) y vont de leurs atouts, tentant avec fatalité de conjurer le triste sort de cette frange musicale. Et Kompakt n'est pas en reste puisque la maison de Cologne a déjà compilé à de nombreuses reprises, souvent de manière pertinente faut-il dire (le cultissime Please Please Please de Tobias Thomas, le premier volet de la série Immer compilé par Michael Mayer, les volumes de la série dancefloor Speicher, le Today de Superpitcher,...). Ceci étant dit, on appréciera la volonté du label d'en foutre plein la vue en conviant pour ce nouvel essai le géant Ewan Pearson, fidèle parmi les fidèles dont la simple énumération des faits d'armes suffirait à vous faire investir dans ce We Are Proud Of Our Choices.

Cette longue et fastidieuse introduction n'avait pour autre but que de recadrer ce dans quoi il ne fallait pas tomber. Malheureusement pour Ewan Pearson. We Are Proud Of Our Choices est un mix admirablement bien réalisé, qui prend directement le sillon d'un set house (légèrement colorée de techno ci et là) des plus anodins pour ne jamais finalement en sortir. Tout est bien calé, rien ne dépasse (ce qui aurait été étonnant de la part du sieur Pearson) et le ton est rapidement enveloppant et chaleureux, quoique synthétique. On aurait pu se régaler d'une tracklist bardée d'inconnus (on dénotera la présence appréciable d'un Lusine ou d'un Petar Dundov remixant Gregor Tresher) et faire jouer ainsi le plaisir de la découverte, mais rien ne se dégage finalement du lot, tous participant à diluer leurs efforts dans le grand bain dissolvant qu'est cette sélection.

Alors au cœur de cette semi-réussite, on retiendra quelques titres (Xenia Beliayeva - « Analog Effekt », Al Usher - « Silverhum (John Talabot's Wilderness Remix) ») et la fluidité de l'ensemble. Pas de quoi s'emballer ni de quoi hurler au scandale : We Are Proud Of Our Choices est un exercice que l'on peut qualifier de réussi, mais terriblement périssable. Pour le reste, on vous renvoie aux références suscitées. Quant à Ewan Pearson, il est décidément fier de ses choix. Nous un peu moins.