Visuals

Kunzite

Lowly / Wilder – 2021
par Nico P, le 8 octobre 2021
6

Tandis que son ancien binôme dans Ratatat, Evan Mast, s’éclate à bidouiller des ambiances, Mike Stroud ressuscite son duo avec Agustin White, sous le nom de Kunzite, et sort, en même temps que son acolyte d’hier, un album qui ne pouvait être plus différent, mais aussi plus logique. Car de tout temps, Ratatat a été pop. Parfois peu, parfois trop, mais jamais ils ne se sont départis de ce concept de chanson, quand bien même elles seraient dépourvues de chant. Désireux de poursuivre cette fois, Mast a trouvé dans la voix de White la parfaite continuité de Ratatat. Il y a trois ans paraissait Birds Don’t Fly, aujourd’hui débarque en toute discrétion son successeur.

Visuals donc. Quatorze titres que les fans ne manqueront pas d’accueillir avec bienveillance, tant une séparation définitive du duo auteur de cinq albums, dont le dernier date tout de même de 2015, semble se profiler, et tant la nostalgie, toujours tapie dans un coin prête à faire son oeuvre, ne manque pas de pointer le bout de son nez lorsque surgissent les premières notes de “Lemon Swayze”, single dévastateur, pompeux diront certains, micro tube d’un été pour d’autres. “Jupiter”, “Saturn”, “Frosty”... Les compositions se suivent, se ressemblent toutes un peu, jusque dans leurs titres, sans que jamais nous ne boudions notre plaisir. La pop est parfois ainsi, un peu vaine, légère. Elle ne heurte pas, elle caresse, se fait discrète, et n’ambitionne rien d’autre que de vous faire oublier le quotidien, le temps d’une mélodie ou d’un trajet en métro. Un album pour les synchros sans aucun doute, qui parviendra sans mal à trouver sa place sur quelques campagnes publicitaires, mais un album un peu fade aussi, qui ne raconte rien. Peu importe.

Peu importe car l’histoire est déjà écrite. Il serait aisé de minimiser le talent, et l’influence d’un duo comme Ratatat, comme il serait idiot de ne pas voir en eux une simple anomalie, un bug dans la matrice, quelque chose qui ne pouvait fonctionner qu’avec deux entités distinctes mais fusionnelles, le temps d’une poignée de disques que la grande histoire ne retiendra peut-être pas. Visuals semble presque acter cet état de fait. Ce qui devait être dit a été dit. Maintenant, Mike Stroud a bien le droit de souffler un peu, et de s’amuser, et de se moquer de ce qu’on peut bien en penser.