Mutilator Defeated At Last

Thee Oh Sees

Castle Face Records – 2015
par Jeff, le 19 mai 2015
8

Cette chronique de Thee Oh Sees me fait penser à cette réplique souvent entendue dans la série The Wire. Quand un type traînant dans les ‘projects’ de Baltimore se voit questionné par son interlocuteur sur sa situation, la réponse est souvent la même : « same ol’, same ol’. » Une manière condensée de dire que les années passent mais que rien ne change vraiment. Une sorte de fatalisme dont on s’accommode finalement assez bien. C’est exactement ça la carrière de Thee Oh Sees : THE SAME OLD SHIT. All day everyday!

Franchement, alors que sort Mutilator Defeated At Last, on est bien en peine de vous dire du quantième album du projet il s’agit (selon Wikipédia, c’est le neuvième sous ce nom, avec d’autres disques au compteur sous le pseudo OCS et The OhSees) et on commence à avoir du mal à trouver les mots pour parler du groupe sans faire un copier/coller du précédent papier à son sujet. C’est simple : depuis qu’il se produit sous le nom de Thee Oh Sees, la productivité est tout simplement affolante avec un album chaque année – et on ne vous parle même pas des EP’s, des splits singles ou des compilations diverses et variées. A part Ty Segall, l’autre wonderboy de la scène garage californienne, la concurrence pointe aux abonnés absents. Un stakhanovisme assorti de deux constantes : le chanteur/guitariste John Dwyer d’une part, et la qualité d’autre part. 

Et c’est ici que Thee Oh Sees revêt une dimension aussi fascinante (pour le fan) qu’énervante (pour la concurrence) : outre le fait qu’on se demande à quel psychotrope carbure le père Dwyer, on reste pantois devant sa capacité à ouvrir les vannes à purée sur demande, sans jamais provoquer l’ennui. Pourtant, d’évolution notable, il n’y en a pas eu depuis un bon paquet d’albums chez Thee Oh Sees. D’un album à l’autre, ça joue certainement sur les nuances, la puissance des riffs ou les couches de fuzz qui se superposent, mais la structure garage-psyché reste la même, toujours maîtrisée à la perfection par un John Dwyer qui braille à s’en péter les cordes, fait suer sa grosse mèche blonde et gigote dans son short moulant – en n’oubliant jamais de dominer son sujet comme personne sur une scène garage américaine dont il est aujourd’hui le patron, le porte-étendard et la plus bandante incarnation.