Hopes And Fears

Keane

Island – 2004
par Popop, le 21 février 2004
7

Hopes & Fears ? En voilà un titre approprié pour un premier album ! Des craintes, on en a eu à propos de Keane : entre l’engouement de la presse anglaise et l’étiquette bien vite collée à leur peau de "nouveau-Coldplay", on s’imaginait déjà avec une nouvelle brochette de pleurnichards sponsorisés par Kleenex ou une quelconque marque d’antidépresseurs. Heureusement, dès les merveilleux singles "Somewhere Only We Know" et "Everybody’s Changing" lancés en éclaireurs, l’espoir a repris le dessus pour ne plus nous quitter. Car mine de rien, avec sa douzaine de morceaux dont plus de la moitié a déjà fait surface l’an passé sur Fierce Panda, Hopes & Fears vient foutre un bon coup de pied dans la fourmilière britannique des Travis, Coldplay et autres Starsailor.

Certes, le trio mené par le rondouillard Tom Chaplin ne révolutionne pas le genre de cette pop bien propre sur elle et qui fait depuis plusieurs décennies le bonheur des jeunes adolescentes en fleur et des mères de bonne famille. En revanche, il lui redonne de jolies couleurs à grands coups de mélodies optimistes et de refrains fédérateurs. Outre les deux premiers singles, on peut aisément prédire un bel avenir dans les charts à des morceaux comme "This Is The Last Time" ou "Bend & Break". Pourtant, et les titres des chansons sont là pour le rappeler, la musique de Keane est irrémédiablement mélancolique, malgré certains faux airs enjoués. Plutôt que de jouer la carte du romantique accablé se demandant pourquoi la pluie lui tombe toujours sur le coin de la gueule ou jurant ses grands dieux qu’il ne voulait pas causer de problèmes (suivez mon regard), les compositions des trois anglais assument l’amertume et l’aigreur de certains de leurs ressentiments, donnant à l’ensemble une troublante humanité.

Pour un premier essai, le résultat est en tout cas impressionnant de maîtrise et de maturité. Persistent quelques petits défauts, comme une certaine uniformité de rythme qui fait que là où "Can’t Stop Now" est attachant, "Your Eyes Open" dans le même registre fait un peu réchauffé. Idem pour la production abusant à certains moments des synthés, sans doute pour compenser l’absence de guitariste, et dont souffre clairement "Untitled #1". Pour le reste, Keane s’affirme comme l'une des plus sympathiques formations montantes du petit monde de la pop anglaise.

Le goût des autres :
7 Splinter