Confiote de Bits

Pépé Bradock

BBE – 2009
par Julien, le 18 septembre 2009
8

La France, l'autre pays de la house depuis longtemps. On connaît le succès international de la french touch, de sa pure house filtrée et hédoniste bourrée de disco avec en point de référence la carrière des Daft Punk. On connaît aussi les Français comme les rois de house commerciale, la house-pop à liasses de billets de David Guetta & co. Ce qui est un peu moins entretenu médiatiquement, c'est que les Français possèdent aussi quelques unes des plus grandes légendes de la deep house. En dj set, des types comme Dj Deep ou François K sont parmi les plus respectés de la planète. Et en terme de composition, que dire des incroyables Dj Gregory ou Pépé Bradock ? Ils font partie de ces gars que l'on reconnaît en deux secondes, qui possèdent une signature sonore évidente, profonde et inimitable. Pépé Bradock sera celui qui nous concernera aujourd'hui.

Pépé Bradock est un vétéran de la french house. Il est de la première génération 1997-2000, pas celle de M6 clip mais celle, plus raffinée, de Motorbass, Cassius ou Étienne de Crécy, des tenants d'une house funky mais complexe où les touches jazz prédominent sur les rythmes musculeux. À son palmarès, Pépé Bradock possède au moins deux titres cultes, "Atom Funk" (sorti sous le pseudo Tranquilou) et "Deep Burnt", deux monuments deep indépassables qui à eux seuls résument le style du Pépé : rythmiques sautillantes, background jazz-funk et spiritualité deep. Chez lui, le planant n'est jamais tout à fait sérieux et le ludique jamais tout à fait heureux. Plein de contradictions mais surtout jamais prise de tête: Pépé Bradock oeuvre pour une house de petit matin, légère et grouillante, qui se roule dans la rosée sans rigoler de vive voix.

Confiote de Bits, sur deux disques et 18 titres, compile quelques uns des meilleurs remixes du Pépé. Remixes ou compositions originales, c'est la même, le résultat est toujours aussi fin et personnel. C'est un disque soulful qui virevolte comme une plume entre mid tempo hypnotique et groove irrésistible. Quelques titres majeurs sont à citer pour être plus concret. D'abord le remix du "Mouth" de Iz & Diz, construit comme chez Herbert, sans le moindre son électronique. Le résultat est dément, entre beat boxing et house crépusculaire. Dans le "Paris-Bordeaux remix" de "I'm Falling" (Charles Webster), Pépé Bradock offre un track vocal extrêmement sobre, digne de meilleurs productions de Chicago. Et nous ne pouvons nous empêcher de finir par sa relecture du célèbre "Venus" de Cheek, à mettre n'importe quelle dancefloor en ébullition. Le propos funky du titre original est merveilleusement soutenu par des claviers deep très inattendus. Dansant et travaillé à l'extrême, à écouter aussi bien en club que dans son lit, ce titre est bien le prototype de la patte sonore de Pépé Bradock. Vous l'aurez compris, si ce personnage est encore pour vous une énigme, il est grand temps d'essayer de la déchiffrer.

Le goût des autres :
8 Simon 8 Thibaut