Cognac and Coffee

Dead Souls

Zeal Records – 2008
par Romain, le 23 novembre 2008
7

Si le rock belge a bien une qualité, c’est son éclectisme. Folk, pop, rock et électro se côtoient généralement sans trop de difficulté, se rejoignent, fusionnent et donnent naissance à des albums hybrides qui, s’ils renvoient à une pléthore de groupes, gardent néanmoins un fil conducteur clair et facile à suivre. Les Dead Souls ne dérogent pas à la règle et s’inscrivent parfaitement dans cette façon de procéder.

Originairement un groupe (fameux en Flandre) de covers de Joy Division créé en 2003, les Dead Souls ont décidé à la fin 2007 de donner naissance à un album bien à eux. Et avec des musiciens venus d’univers très différents (space pop, post rock, rock expérimental), nul doute que Cognac and Coffee allait se révéler typiquement « belge ».

Sans surprise, c’est l’ombre d’Ian Curtis qui passe et repasse sur des titres comme « Zen For Birds » ou « Smash Your Guitar ». Il faut dire que le timbre particulier de Filip de Canegem force le trait et ajoute beaucoup à la mélancolie qui se dégage de l’album en général. Outre ce passé quelque peu envahissant, c’est un dEUS inavoué mais omniprésent qui constitue la seconde partie du tronc mélodique de Cognac and Coffee (cf. « Boxoffice Waiters »). Des clins d’œil à Sonic Youth et Spacemen 3 parachèvent la construction d'une ambiance sombre mais incisive.

Avec d’aussi bonnes références, on n’a pas à craindre un album léger et facile d’accès. Quelque peu amer, Cognac and Coffee se révèle lentement et maintient une tension constante du début à la fin. On pourrait seulement lui reprocher de ne pas dévoiler la véritable personnalité des Dead Souls. En effet, ce qui leur appartient en propre est difficilement discernable tant les références aux monstres sacrés précités sont patentes.

Quoi qu’il en soit, on ne pourra trop les remercier d’amener une nuance de réalisme  et de maturité dans un paysage rock belge qui choisit souvent l’option d’une pop « boule de gomme » facile à mâcher.