Below The Belt

James Leg

Alive Naturalsound Records – 2015
par Pierre, le 7 septembre 2015
7

James Leg est un type formidable, l’enfant inavouable de l’Amérique puritaine. Fils de pasteur, sa voie est toute tracée jusqu’au jour où le jeune homme découvre le rock’n’roll. Il est alors happé par la musique du diable et ne se séparera plus de son fidèle Fender Rhodes qu’il trimballera 5 albums durant au sein des Black Diamond Heavies. Reste notamment Alive as Fuck, furieux témoignage live du terrible duo, enregistré dans un appartement (!). Oui, car James Leg n’en a rien à foutre. Auteur ici de son second album solo, il sait que le succès interplanétaire ne sera jamais au rendez-vous et continue malgré tout ce qu’il fait de mieux: traîner son bon vieux boogie dans la boue.

Le révérend James Leg prêche ainsi la bonne parole d’un rock estampillé seventies suintant le bourbon et le tabac froid. Le son est colossal, et la voix du bonhomme sonne comme un torrent de gravier aux allures parfois stoogiennes (écoutez donc "Glass Jaw"). James Leg s’accompagne de cuivres, de choeurs angéliques ("Casa de Fuego"), et salue bien bas les Stones période Exile on Main Street lorsqu’il reprend "Up Above My Head", titre chanté pour la première fois par Sister Rosetta Tharpe dans les années 40. Véritable revival aux traits sudistes, l’album contient ses instants de grâce. L’homme sait également y être touchant malgré sa voix gutturale (coucou Zakk Wylde) et trois ballades sont ici pour nous le prouver. On retiendra par exemple le délicieux final "What More", teinté d’une mélancolie imparable.

Dans un monde idéal, James Leg aurait la reconnaissance qu’il mérite et sortirait de la scène underground pour briller au soleil. Quoiqu’il en soit, l’album demeure un excellent sermon largué par la parfaite incarnation de l’esprit rock’n’roll. Ce que les Black Keys auraient pu être, en somme.