
The Beatles Anthology
Que reste-t-il à dire sur les Beatles ? Que peut-il bien rester à montrer, à voir, à comprendre, à apprendre, à chercher, à trouver, à révéler ? Comment est-il possible de nourrir encore la bête (nous, les ayants droits, labels et autres) sur un cadavre qui devrait, depuis longtemps, n’être que poussière ? Michka Assayas, sur France Inter s’est grosso modo posé la même question, et tente une réponse : “il y a, de ma part, et je pense parler au nom de beaucoup de gens de mon âge, enfin, autour de mon âge, une sorte de plaisir enfantin, sinon infantile, à écouter toujours les mêmes récits”. Vrai, juste.
En 1995, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr, les trois membres survivants des Beatles, avaient supervisé une rétrospective détaillée et captivante sur l’histoire du groupe, le documentaire Anthology. Disney propose désormais une version remontée, enrichie d’un ultime épisode inédit, avec ce bon vieux Peter Jackson (Get Back) aux manettes. Cet ajout dévoile des séquences jamais entièrement montrées auparavant (mais donc partiellement), tournées lors d’une belle après-midi estivale en 1994. On y retrouve Paul, George et Ringo réunis dans le parc de la propriété de George, évoquant avec complicité leurs souvenirs de jeunesse et leurs espiègleries d’autrefois. Mignon. Tendre. Parfaitement inutile, pour peu qu’on s’entende sur le sens du terme.
En réalité, il ne s’agit plus tant de découvrir que de se reconnecter. Écouter à nouveau l’histoire de la rencontre Lennon-McCartney à la fête paroissiale de Woolton, voir George sourire dans son jardin en 1994, c’est retrouver la saveur d’une émotion première, celle de notre propre découverte du groupe. C’est un réconfort archaïque. Peut-être que le véritable objet de la quête n’est plus les Beatles eux-mêmes, mais la persistance de leur écho en nous. Chaque document, même familier, agit comme un miroir où se reflètent nos propres souvenirs, notre nostalgie d’une harmonie – musicale et humaine – qui semble appartenir à un âge disparu. La bête est nourrie, finalement, moins par la faim de révélations que par le désir doux-amer de réentendre la même belle histoire. En 2025, qui n’a pas besoin d’être rassuré ?(Nico P.)




