
Bleu Blanc Satan
Bleu Blanc Satan est un documentaire (dispo sur Society +, allez fouiller, on y trouve plein de chouettes choses) pour le moins déroutant. C’est aussi une expérience sensorielle et presque hypnotique. Tourné en noir et blanc, le film épouse l’esthétique brute et dépouillée de la musique qu’il explore, alternant entre froideur clinique et fulgurances romantiques. Le casting est parfait. On y découvre des musiciens à la fois marginaux et visionnaires, dont les récits oscillent entre provocation nihiliste et sincérité déchirante. Bleu Blanc Satan est un film sur une quête, celle d’une forme d’absolu artistique poussé dans ses retranchements. Alors on plonge tête baissée. Tête baissée dans cette contre-culture extrême, captant sa violence, sa poésie noire et son étrange beauté. La caméra traque les visages burinés, les regards fiévreux, les silences lourds de sous-entendus, et l’on ressent presque physiquement le poids de cette époque où le black metal français était à la fois un cri de révolte et un art total. La bande-son, abrasive et immersive, achève de nous happer. Éprouvant, fascinant, parfois insupportable, ce film s’adresse aussi à tous ceux que les cultures radicales intriguent. Bleu Blanc Satan interroge la limite entre folie et génie, entre pose adolescente et engagement existentiel. On en ressort secoué, avec l’étrange sentiment d’avoir frôlé quelque chose de profondément vrai. (Nico P.)


