Melody's Echo Chamber

Melody's Echo Chamber

Domino Records – 2012
par Julien L, le 6 novembre 2012
8

Melody Prochet, AKA Melody's Echo Chamber, française de son état et multi-instrumentiste de formation classique, sort enfin son disque éponyme sur le territoire européen. Paru fin septembre aux États-Unis sur le label Fat Possum, il nous tardait de le retrouver dans nos bacs chéris. Enregistré et produit en majorité par Kevin Parker de Tame Impala dans son studio de Perth, l'album fût finalisé en solitaire par l'enregistrement des parties vocales dans la maison des grand-parents de Melody.

Melody en avait assez d'écrire des chansons aux jolis arpèges et aux douces mélodies. Après avoir demandé à Kevin Parker de tout disloquer, de briser cette trop évidente délicatesse, le résultat sur ces onze pistes déborde d'un psychédélisme sans exubérance et puise dans une esthétique 60s savamment dosée. "I Follow You", premier titre de l'album et premier single paru, dévoile le spectre lumineux du reste de l'album : une voix douce qui rappelle celle de Trish Keenan (Broadcast) sans être pour autant une décalcomanie ou un fac-similé sans âme. On discerne certes musicalement une assimilation palpable de quelques références (Stereolab ou les pré-cités Broadcast), mais celles-ci sont parfaitement digérées.

Mais l'idée de génie du disque réside dans le croisement entre les strates de la production de Kevin Parker et les chansons entêtantes de Melody : un confluent parfaitement illustré par le riff envoûtant de "Crystallized" qui s'achève dans le déluge d'une basse saturée. Les deux morceaux qui suivent, "You Won't Be Missing That Part of Me" et "Sometime Alone, Alone", parachèvent la première impression : on tient là un album d'une grande beauté, façonné par un maître du son. Et même les paroles peut-être un peu trop naïves du très beau "Bisou magique", en français dans le texte, ne déshonorent pas pour autant le flottement touchant et langoureux des claviers vintage. D'ailleurs, un des meilleurs moments de ce disque, toujours chanté dans la langue natale de Melody, est "Quand vas-tu rentrer ?", un morceau aux textures multiples, à la rythmique asymétrique et à la mélodie obsédante.

Ce disque, que l'on ne peut s'empêcher d'accoler pour son affiliation sonique au très grand Lonerism de Tame Impala sorti récemment et qui fait le lien entre une fine écriture pop et une imposante production, est une impressionnante éclosion et l'exemple d'une remarquable attirance des contraires.