Learning Greek
Humour
Il n’est pas toujours aisé de faire le bon choix, il est encore moins aisé de changer des habitudes bien installées. Alors, peut-être avez-vous vu passer notre édito, justifiant notre départ de Spotify. Peut-être êtes-vous d’accord avec nous, peut-être pas; seulement voilà, c’est un fait, Spotify, on y était depuis longtemps, sans doute trop, et face aux évidences, l’auteur de ces lignes (qui a toujours un compte sur Twitter, on dit Twitter) s’est enfin décidé à suivre le mouvement, parce que… Lisez notre édito.
Mais les habitudes, encore elles. Fraîchement arrivé sur une plateforme qu’on ne connaît que de nom, et après avoir plus ou moins laborieusement transféré nos playlists, surtout celles que nous n'écoutons plus depuis cinq bonnes années, il a fallu apprendre de nouveau, à découvrir, à compléter, à nourrir des obsessions nouvelles. Mais ce jour nouveau dans la vie du mélomane aurait pu n’être que totalement anecdotique, si, par bonheur, sans aller jusqu’à parler de miracle, un groupe, un seul, ne nous avait accueilli à bras ouverts. Ils viennent de Glasgow, ils sont quatre, leur petit dernier se nomme Learning Greek (parce que le disque contient un sample du père du chanteur, Andreas Christodoulidis, qui s’exprime dans une langue que son fils ne comprend pas lui-même, cet interlude est l'exemple le plus explicite d'un album explorant l'héritage de Christodoulidis et les liens entre deux cultures), c'est un album rock, punk, un peu gogole, totalement foutraque, jouissif, joyeux, bizarre, malin mais pas trop, il est paru au cœur de l’été, et c’est peu dire qu’ici, en France, strictement aucun buzz digne de ce nom n’est parvenu jusqu’à nos oreilles.
Alors pourquoi, et alors comment, fraîchement arrivé dans sa nouvelle maison, le mélomane tatillon et un peu perdu est-il amené, en guise de tout premier clic dans l’inconnu, à tomber sur “Plagiarist”, troisième titre de ce disque, trois minutes et douze secondes d’une perfection louche, sur le fil, meilleur refrain de 2025 (il n’est peut-être pas trop tôt pour le dire) ? Aucune idée. C’est ainsi. C’est un groupe, c’est un disque qui manient le surréalisme et l'absurde, qui se jouent de la nostalgie, c’est un quatuor à la fois post-punk et post-hardcore, quoi que cela signifie (rien, sans doute), c’est un disque réjouissant, c’est un disque fou. C’est un disque tourmenté comme son époque, baigné de quelques instants lumineux, quelques raisons de croire.
Et si vous pensez que tout cela est tout de même bien exagéré, pour un premier album, pour un groupe encore en devenir, alors vous avez trois minutes et douze secondes pour être pleinement convaincus. La chanson, encore une fois, se nomme “Plagiarist”, et on ignore si un refrain peut changer une vie, mais il peut la rendre sacrément plus cool.