Hickey

Royel Otis

Ourness – 2025
par Nico P, le 16 septembre 2025
7

En parlerons-nous encore dans dix ans, dans cinq, dans deux ? Est-ce que cela a la moindre importance, après tout ? Disons-le, cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas croisé la route d’un buzz aussi savamment construit que celui entourant Royel Otis à l’heure de la sortie de leur deuxième album. Le duo australien (dont le nom est l’association de leur deux prénoms) n’est pas bien vieux mais semble ici depuis toujours, et surtout, un peu plus présent dans le paysage, un peu plus gros sur la photographie, à chaque saison qui défile. Royel Otis donc. Un groupe australien, originaire de Sydney (Nouvelle-Galles du Sud), formé par Royel Maddell et Otis Pavlovic en 2019. La nouvelle sensation pop aussi. C’est vrai. C’est aussi peut-être un petit peu faux.

Il y eut d’abord les débuts, plutôt timides. En octobre 2021, le duo sort son premier EP intitulé Campus. En août 2022, Royel Otis dévoile Bar and Grill, son deuxième EP. Le troisième, Sofa Kings, sort en mars 2023. Il se passe peu, mais un peu davantage chaque semaine de chaque mois. la première véritable déflagration ne survient qu’en 2024, quand à la faveur d’un passage sur la prestigieuse station australienne Triple J, le groupe se prête à l’exercice plus ou moins aisé de la reprise, et pulvérise tout sur son passage avec “Murder On The Dance Floor” de Sophie Ellis-Bextor. Revisité, mais pas trop. Juste ce qu’il faut pour s’attribuer quelques mérites, et juste ce qu’il faut pour que l’amour que l’on porte à l’originale soit sans mal partagée avec cette reprise qui, bien rapidement, devient le premier véritable tube du duo (il en sera de même, dans une moindre mesure, avec "Linger" des Cranberries, mais là, rappelons que l’originale est abominable).

Dès lors, la curiosité est aussi grande que les attentes. Il s’agirait de ne pas perdre de temps. Aujourd’hui, un an après la sortie du premier (Pratts And Pain), Royel Otis signe donc Hickey, deuxième album né d’un même mouvement, d’une même ambition, celle de ne pas perdre de temps, d’occuper le terrain, de s’inscrire dans une lignée pop et rock, celle des audacieux qui en ont sous le coude et ne traînent pas (Oasis, White Stripes, Beatles et Led Zep cela va de soi) et peut-être aussi d’enfin exister par soi-même. Bonne nouvelle : la recette semble au point. Une pop de qualité, bien produite mais sans s’en donner l’air (le disque sonne même parfois étouffé), des mélodies que l’on ne peut que qualifier d’imparables (le single “I Hate This Tune”, envoûtant, “Who’s Your Boyfriend”, cool), une attitude, deux pieds dans son époque, son envie de bonheur, son envie de ne pas subir aussi (Royel Maddell, guitariste, se cache le visage, l’exposition et la folie qui va avec, très peu pour lui, tant mieux).

En parlerons-nous dans dix ans, dans cinq, dans deux ? Peut-être pas, mais l’essentiel est dans ces quelques minutes passées en leur compagnie, ce plaisir partagé, ces souvenirs amoureux, les leurs qui semblent être les nôtres. Certes, rien ici de bien sophistiqué, rien ici, sans doute, de durable. Royel Otis n’anticipe pas le futur mais propose de partager l’instant présent. En ces temps troublés, nous serions bien cyniques de dire non. Et quand nous prendra l’envie d’aller voir ailleurs, nous aurons toujours Sophie Ellis-Bextor.