Ego Death at a Bachelorette Party
Hayley Williams
Mine de rien, cela fait un certain temps qu’elle nous accompagne, Hayley Williams. Deux décennies en fait, tout pile, si l’on place la rencontre au premier album de Paramore. Deux décennies donc, durant lesquelles elle n’aura cessé de nous surprendre, de déjouer les pronostics, réussissant le triple exploit de durer dans une industrie qui n’aime rien tant que maltraiter, user ses idoles, surtout ses idoles punk rock, surtout ses idoles punk rock féminines. La sortie d’un nouvel album d’Hayley Williams donc, en 2025, cela n’a rien d’anodin; cela n’a rien de surprenant non plus, pour qui connaît sa régularité, mais tout de même, difficile, impossible même de ne pas saluer l’exploit, celui d’être toujours un pion sur cet échiquier pop.
Cette audace (d’exister), on la retrouve aussi dans ce disque, son troisième en solo. Parce qu’il est trop long (beaucoup trop) et parce qu’il n’y a presque rien à jeter. Parce que 17 des 18 titres présents ici étaient déjà connus (après avoir été mis à disposition au compte-gouttes), et pourtant, c’est un nouvel album plein et entier que l’on découvre. Parce que ce qui aurait dû être un pudding indigeste (la page Wikipedia du disque empile les genres) tient étonnamment la route, peut-être bien grâce à la production (et la composition) de Daniel James, pourtant peu réputé pour sa subtilité (The Wanted, Nicki Minaj) mais qui ici semble avoir été le catalyseur bienveillant d’un trop plein d’envies, d’idées, d’ambitions.
Encensé par la presse, Ego Death At A Bachelorette Party n’a pas la candeur des débuts, ni la grandeur des magnum opus. Mais ce qu’Ego Death At A Bachelorette Party possède, c’est tout autre chose : une absolue liberté, aucune autre destination que l’horizon, encore et encore. Qu’il est doux, qu’il est bon de croiser la route d’un album et d’une artiste qui ne semblent souffrir d'aucune contrainte (il s’agit d’une sortie indépendante, deux ans après son départ de la grosse maison Atlantic Records), aucune panne d’inspiration, qui choisit de ne pas choisir. Un gros disque plutôt qu’un grand. Dans le cas présent, on reprend une part.