Meterology

Frivolous

Cadenza – 2011
par Simon, le 10 mars 2011
8

Les producteurs du label Cadenza sont de joyeux lurons et les porte-drapeaux de la deep house à tendance ethnique ont le vent en poupe : Luciano par ci, Reboot par là, bien aidés par Cesar Merveille ou Michel Cleis. Ces producteurs respirent la fête par tous les pores, si bien qu'on ne peut plus sortir en club sans que ça sente la samba dans les slips. Pourtant, à condition d'être honnêtes et observateurs, la tendance est largement paresseuse : si la science house de ces G.O modernes est irréprochable, il en est tout autrement des inspirations ethniques. En effet, un travail de sampling attentif suffit à composer un banger émérite : piochez avec soin dans l'héritage sud-américain ou africain et vous tenez un carton potentiel dans les mains – l'exemple le plus marquant étant sûrement le « Caminando » de Reboot. Difficile dans ces conditions de mettre la main sur un véritable LP de qualité, ce genre de bombes musicales ayant plus leur place sur EP.

Si on vous parle des qualités, et surtout des défauts de Cadenza, c'est pour mieux vous introduire à ce Meteorology de très grande facture. Tout simplement parce que Frivolous est un homme qui aime le risque, et qu'il le domine avec une assurance assez rare dans ce milieu. En effet, ce disque est avant tout un objet qui se refuse à être une simple succession d'EP's, il est un tout cohérent, une plaque qui s'écoute du premier au dernier titre. Le miracle c'est que Frivolous ne perd pourtant rien de sa classe en chemin : ça groove à tous les étages, ça chante de manière androgyne et ça respire un hédonisme ambigu. Meteorology est en réalité une synthèse entre les travaux de Henrik Schwarz (pour la science des claviers), de Nôze (pour le côté gamin de la chose à certains moments), d'Efdemin (pour le groove sobre), de Matthew Dear (pour les parties vocales sous drogues) et Luciano (pour les influences « Club Med de Punta Cana »). Bref c'est un paquet de références qui se croisent dans cet album, véritable pamphlet contre le statisme créatif.

Puis il y a cette ambiguïté permanente qui fait de Meteorology un tout grand disque, cette tristesse en mouvement, ce spleen réinvesti dans une musique destinée à la fête. Ça sent autant l'automne humide que l'été étouffant, tout y est cyclique et incertain. Et puis il y a cette technique de composition, qui a le don de pousser la deep house dans des retranchements insoupçonnés : à la fois classique mais de très haute volée, le groove émerge de partout et tout le temps. Et ce, avec une sobriété qui est la marque des grands. Car la classe de ce Meteorology, Frivolous la tire essentiellement de l'équilibre évident entre hédonisme ethnique – percussions, voix et autres samples d'outre-mers – et véritable profondeur de composition. Pas un seul faux-pas ne mine ce disque, et c'est réellement assez rare pour vous conseiller une écoute immédiate de cette plaque exemplaire.

Le goût des autres :
8 Thibaut