Slim Jesus: véritable révélation hip hop, fausse bonne idée ou vaste supercherie?

par Ruben, le 11 septembre 2015

Depuis quelques jours, un jeune blanc-bec de 18 ans prénommé Slim Jesus (pur blase!) buzze pas mal sur la twittosphère avec son « Drill Time ». Si on devait s’en tenir à la seule musique, « Drill Time » aurait tout à fait pu émerger des quartiers chauds de Chicago, berceau du genre drill, entre la violence de ses lyrics et ses infrabasses gonflées au max. Sauf qu’ici il n’en est rien. 

Tout d’abord, Slim Jesus n’est pas du tout originaire de Chicago mais bien d’Hamilton, une petite ville pas loin de Cincinnati, dans l’Ohio. Surtout, tout ici est factice ! Les flingues sont en plastique et les billets qui sortent de partout valent à peine 1$.

Alors, certes, le clip à beau commencer par un avertissement (« attention, les accessoires présents dans cette vidéo sont factices et quelconque ressemblance avec du matériel illégal ne doit pas être prise au sérieux »), l’incohérence pointe une fois qu’on jette une oreille attentive aux lyrics plus qu’explicites et qu'on est confronté aux airs menaçants des différents protagonistes. Cerise sur le ghetto, généralement quand tu entends parler de drill time à Chicago, il est temps d’enfiler les gilets par balle parce qu’un gunfight s’apprête à éclater quelque part - et on sait que, à Chicago, les kidz ne sont pas là pour faire des pancakes.

Toujours est-il que la vidéo culmine à presque 2 millions de vues, que des gars comme DJ Drama ou Diplo lui font les yeux doux et que des magazines spécialisés comme Complex lui collent aux basques. Assiste-t-on à une géante farce ou a-t-on devant nous un petit génie de la com’ qui a tout simplement compris que la fine frontière entre le sublime et le ridicule peut parfaitement justifier un début de carrière dans le rap game (coucou Yung Lean) ?

Il reste cependant à voir avec le temps si on a face à nous un énième one hit wonder ou si le jeune homme en a réellement dans le bide. Un deuxième titre, disponible sur Youtube (« Buck Buck »), aurait tendance à se rapprocher un poil des premiers sons de Chief Keef ou Lil Durk, deux gars de Chiraq qui ont su survivre à leur réputation de star montante. Tout espoir n’est donc pas encore perdu.