Grâce à Lefto, on a découvert Habibi Funk. Et putain, quel coup de coeur.

par Aurélien, le 29 novembre 2016

Dans le fond, même si on ruine nos journées à écrire de longs papiers, on reste des feignasses. Car si l'on est toujours prêts à tendre l'oreille quand un bon DJ est capable de nous sortir un beau fond de tiroir, on a bien trop de flemme pour nager le crawl dans les bacs à disques ou les pages Bandcamp à la recherche de LA pépite rare qui saura rentabiliser les dix affreuses heures de digging qui ont précédé.

Cet activisme féroce, des labels comme Analog Africa ou Awesome Tapes From Africa en ont fait leur fond de commerce. Et à chaque projet, c'est la fête du slip. On tombe systématiquement sur du jamais entendu, du déconcertant déniché sur white label ou dans les bacs poussiéreux d'un disquaire du bout du monde. Et à chaque nouvelle compilation, à chaque nouvel EP, à chaque nouveau 12", on ne peut s'empêcher d'imaginer les maux de tête qui ont précédé la sortie d'un projet.

On en tient pour exemple cette fantastique collection de pistes remasterisées signées William Onyeabor, compositeur nigérian dont la passion pour les synthés stellaires et le songwriting kilométrique dépasse l'entendement. Avant de poursuivre, on vous recommande vivement de vous replonger dans cette compilation sortie chez Luaka Bop, la structure de David Byrne, parce que c'est top de chez top de chez top.

Et puis, il y a d'autres structures, un peu moins connues, qui tentent de s'imposer dans ce milieu compliqué où rien n'est gagné. Aujourd'hui par exemple, c'est grâce au dernier podcast de Lefto pour Stubru qu'on a fait connaissance avec Habibi Funk, structure basée à Berlin et qui, depuis un an et demi, creuse un sillon bien précis : le funk du nord de l'Afrique et du Moyen-Orient, sorti entre les années 60 et les années 80.

On a parlé de "petite structure" ? On a sans doute parlé un peu vite : aux manettes, on trouve notamment Jannis Stürtz, un type bien connu pour avoir officié au sein de Jakarta Records et qui a sorti à l'époque quelques projets signés IAMNOBODI, Ta-Ku ou Kaytranada, avant qu'il ne roule pour des structures comme Soulection ou XL Recordings. Autant dire que le mec a du flair pour trouver les choses qui groovent bien et que ça rend son initiative terriblement intéressante - la plateforme Clique lui avait d'ailleurs offert un focus incroyable quelques mois plus tôt.

Sur le Bandcamp d'Habibi Funk, on aligne de la pépite au kilomètre. On y parle musique de films sortis du Maroc, chansons d'amour d'Algérie et même reprises de Serge Gainsbourg en arabe. Quel que soit le sujet dont on cause, c'est irrésistible en toutes circonstances, même si on sait que c'est un espèce de gros plaisir solitaire qu'on ira difficilement imposer en communauté. Et cela, que ce soit à tes potes qui préféreront que tu leur ressortes du placard ton single d'"Un Gaou A Oran" ou à ta meuf qui préférera un bon vieux Ashanti/Ja Rule après une lourde journée de travail.

Autant dire que Habibi Funk, c'est le genre de label parfait pour la mise en musique de tes RTT. C'est aussi une structure qui mérite que tu débourses ton argent afin que cette petite entreprise ne connaisse pas la crise de sitôt. Et on te propose de mettre la main au portefeuille pas plus tard que maintenant, en pré-commandant ce 12" de Carthago - c'est le groupe totalement zinzin dont vous avez peut-être lancé la vidéo un peu plus haut. Ce vendredi sort la nouvelle référence de Habibi Funk, qui contiendra le Hanen embeddé plus haut, ainsi que ce "Alech" qui suinte les good vibes par tous les pores.

Bref, mercé Jakarta Records, mercé Habibi Funk, et surtout, mercé encore une fois Lefto pour ce beau cadeau.