The Stoned Immaculate

Curren$y

Warner – 2012
par Bahi, le 3 juillet 2012
9

On ne compte plus les productions pondues en peu de temps par Curren$y: que ce soit la série des Pilot Talk ou la flopée de mixtapes, le rappeur de Lousiane s'est construit au fil des années une réputation d'hyper-productif, de stakhanoviste du mic qui ne laisse jamais ses fans sans fraîcheur auditive. Mais avec l'arrivée de ce nouvel album, Curren$y a clairement voulu élever son jeu. En effet, cela fait déjà plusieurs mois que Spitta tease sur The Stoned Immaculate à coup de hashtags et de vidéo annonciatrices.

Car il faut le dire, il était très impatient à l'idée de présenter son premier véritable album de major,tout auréolé de son statut de patron de l'écurie Jet Life. Il faut quand même rappeler que ses précédentes sorties ont été le fruit de volonté et de travail acharné (une sortie tous les six mois environ), avec en filigranne de cette hyperactivité la construction une équipe solide, peut être une des plus intéressantes du game. Cet album marque donc l'apogée d'années passées à travailler dans l'ombre mais également l'aboutissement d'une recherche musicale développée le long de sa carrière.

Les derniers albums étaient déterminés par une ligne directrice ancrée dans des sonorités laidback et enfumées. L'enjeu de cet album visait par conséquent à sublimer cette marque de fabrique en la confrontant à des méthodes de travail qui lui permettrait enfin d'atteindre le niveau supérieur. C'est selon cette optique que l'on retrouve des collaborations inédites, des artistes de notoriété internationale et des producteurs à la force de frappe incontestable. Ce renouvellement ne néglige pas les fondements de la réussite de Curren$y et incorpore à cette formule les vieux de la vieille, le duo de producteurs Monsta Beatz, ainsi que les compères depuis toujours Wiz Khalifa, Big KRIT, Trademark et Young Roddy. Au rayon des featurings intéressants, on retrouve le sacrosaint Pharrell Williams qui vient pousser la chansonnette le temps d'un refrain savamment passé au vocoder sur « Chasing Paper ». La présence d'Estelle sur le single « That's the Thing » est également un choix judicieux, et fait évoluer Curren$y sur un terrain plus crooner qui lui réussit plutôt bien.

Car c'est justement là que réside toute la force de cet album: concilier un univers fait de « fast cars » et de « weed » avec une touche plus travaillée musicalement, qui permet à Curren$y de passer au niveau supérieur et de livrer des chansons redoutables. Que dire des morceaux comme « Privacy Glass » ou « Jet Life » sur lesquels on retrouve Wiz Khalifa et Big KRIT ? Que le emcee de la Nouvelle-Orléans y affiche un niveau redoutable qui nous étonne tant Curren$y avait eu tendance ces derniers temps à se reposer sur ses recettes traditionnelles - en fait les coups d'éclat se faisaient rares depuis Week-end At Burnies.

Ce n'est à ce stade plus une surprise: The Stoned Immaculate est définitivement l'album qui fait passer Curren$y au « next level ». Shante Franklin a su faire évoluer sa musique, la sortir de son carcan réservé aux stoners et la faire évoluer de manière à être plus percutante. Un parcours riche se retrace ici, où les années passées près de Ski Beatz et Dame Dash se concrétisent enfin dans projet très abouti, rempli de tubes et de tracks puissantes.

Le goût des autres :
9 Laurent 8 Thibaut 8 Soul Brotha