Simulat

Cosmin TRG

50Weapons – 2038
par Aurélien, le 26 septembre 2011
9

Entre le Mozaik de Siriusmo et le Monkeytown à venir de Modeselektor, il y a l'album d'un petit mec bizarre dans l'agenda des sorties de Monkeytown Records et 50Weapons. Il a une barbe de trois jours, de grosses lunettes de hipster, et ô surprise, son album n'est ni un déluge de synthés jouissifs, ni un collection de tracks dubstep avec des featurings qui vendent à eux seuls l'album. Non, Simulat est juste un bel album techno comme on n'en fait plus. Ce petit mec bizarre, c'est Cosmin Nicolae, mieux connu sous le nom de Cosmin TRG. Et Simulat, son premier album, va donner un sacré coup de pied dans votre fourmilière.

L'album techno restera toujours un exercice de style délicat : parvenir à retranscrire sur une galette cohérente l'ambiance et l'énergie moites d'un set habilement ficelé, c'est comme un bon milliard de virages serrés qui, mal négociés, peuvent rapidement vous faire perdre un auditeur. Marcel Dettmann en avait ainsi fait les frais en livrant une fascinante compilation de maxis l'an dernier, difficilement conciliable avec la qualité d'album par son indéniable manque de cohérence. Car c'est une évidence : le son de Cosmin TRG nous retourne bien moins que celui de son susnommé comparse. En effet, on s'aventure ici moins dans les sentiers non foulés de la techno et on s'autorise même une petite plage ambient entre deux coups de boule dancefloor. En fait, on a surtout le sentiment que Nicolae cherche à ne pas brusquer l'auditeur non-technophile. C'est pourtant paradoxalement le technophile accompli qui appréciera ces rares moments de calme entre les tempêtes, car si Simulat parvient à cristalliser un milliard de tendances sonores héritées des antécédents discographiques house ou dub-techno de Nicolae, c'est pour mieux se livrer dans des apparats d'autant plus simplistes qu'ils facilitent la lecture d'un album aussi évaporé que mathématique.

Esquivant soigneusement les drops trop faciles ou les montées de fièvre à rallonge, Simulat consacre un parfait retour à un songwriting techno profond et un rien primaire. C'est une histoire de kicks qui viennent résonner contre les parois froides d'un Nautilus à plusieurs mètres de profondeur. C'est l'apnée qui guide nos pas sur la piste, le cerveau à peine irrigué par un hypnotisant mille-feuilles de nappes métalliques. Le coma y pointe souvent le bout de son nez, mais se retrouve toujours très vite foutu dehors par cet espèce de groove zombie qui habite l'album, non identifié et irrésistible. Cliniquement, à cet instant précis, l'électroencéphalogramme indique que l'on est plus qu'un légume. Dans notre tête pourtant, il semble bien que l'on n'ait fait que passer notre temps à danser avec les dauphins le temps de douze titres parfaitement mesurés et sexy.

Simple, groovy, riche et profond... Les adjectifs ne manquent pas pour définir Simulat. Mais c'est son caractère accessible qui aura finalement raison de notre jugement : Cosmin TRG, ce n'est pas (encore) Paul Kalkbrenner, mais il réussit néanmoins le temps d'un album à conjuguer l'amour du beat à une pluralité de genres allant de la dub-tech à la deep house avec une aisance contagieuse et rafraîchissante.

Le goût des autres :