Monster

Future

Auto – 2014
par Simon, le 18 novembre 2014
8

Si on s’en tient à la définition que nous donne le Larousse, l'adjectif futur provient du latin futurus, participe futur du verbe esse (être) et signifie « qui va arriver, qui se fera, qui sera tel dans un avenir plus ou moins proche : Un futur champion ». Utiliser un dictionnaire pour parler de Nayvadius Cash peut paraître surprenant, et pourtant ce qu’il en résulte vaut pas mal de tentatives plus ou moins ingénues. Mais n’allons pas trop vite en besogne. A l’heure d’aborder cette mixtape sortie à l’occasion d’Halloween (une habitude pour pas mal de rappeurs), on se souvient d’un Future ayant définitivement conquis sa place dans le game avec un Honest ultra-efficace. Un deuxième long format qui ne nous fera jamais oublier que, si les albums c’est bien, les mixtapes témoignent à elle-seules de la bonne forme d’un soldat du rap game. Surtout dans le cas de l'intéressé, qui avait montré avec F.B.G : The Movie et No Sleep qu’une tape bien exécutée vaut toutes les tentatives foireuses de composer un album dans la précipitation.

Donc, si le futur incarne quelque chose qui n’est pas encore là, notre rappeur défie les lois de la sémantique. Future n’a jamais été aussi présent et installé dans son élément qu’aujourd’hui, que durant toute cette folle année qui l’a vu accéder au sommet de sa popularité. Qu’on soit clair, au moment où on vous parle, Future fait partie des cinq à dix incontournables du rap jeu, et cela grâce à une recette plutôt simple : un art consommé du refrain permanent, un flow qui chante sans en avoir l’air et une omniprésence dans les titres des potes. Avec ça, Future peut rapper avec n’importe qui, et sur les sons de n’importe quel producteur en activité. Il est le symbole du rap ricain qui gagne. Point. Alors pour la révélation à venir, on repassera. Et pourtant, si le futur incarne quelque chose encore à venir, notre Nayvadius est, par contre, bien à sa place, ne serait-ce que par rapport à la concurrence. C’est peut-être là qu’il faut trouver le génie de Future, tout à fait incarné dans ce Monster : une capacité à incarner tous les codes du rap en ayant deux temps d’avance sur tous les prétendants au trône.

Car chez Future, tout se lit entre les lignes, toujours dans l’ambivalence : son flow, sa position rappeur/chanteur, sa manière d’arracher des productions thug aussi bien qu’émo, sa nonchalance, son autotune, son esthétique féline et sa dégaine naturelle (demandez à un Rich Homie Quan à quel point il est dur de taper dans le même registre). Et avec un Metro Boomin en feu aux manettes (producteur exécutif ici), Future sort un produit de qualité exceptionnelle, sombre, acide, balancé entre énormes bangers et massacre émotionnel. Une mixtape qui se pose comme une preuve supplémentaire de toutes les ressources de ce Future-là. L’histoire d’un mec qui conforte sa place au sommet sortie après sortie (ici, avec une des plus grosses mixtapes de l’année) et qui est toujours en avance sur ses camarades de classe. Un surdoué, clairement.