Day & Age

The Killers

Mercury – 2008
par Popop, le 17 février 2009
6

Depuis la sortie de leur deuxième album, il est de bon ton de tirer à boulet rouge sur les Killers. Il faut dire aussi que le groupe cherche, entre les poses d’apprentis rockers, les prestations scéniques catastrophiques et les déclarations de Brandon Flowers – candidat sérieux au titre de chanteur le plus égocentrique du moment (et pourtant, il y a de la concurrence). Donc, c’est officiel, les Américains veulent à la fois être les U2 du XXIème Siècle et conserver la même crédibilité musicale que Bruce Springsteen. C’est pas gagné. Même en cherchant des circonstances atténuantes, difficile de voir dans la musique du groupe autre chose qu’un énième ersatz nostalgique de la période new-wave.

Day & Age, le troisième opus des larrons, ne risque pas d’arranger les choses – au contraire. Car afin de repousser leurs limites artistiques (?), les Killers ont fait ce qu’il y a de pire : manger à tous les râteliers, europop, dance, world music et nu-rave compris. Assez logiquement, le résultat est inégal, avec notamment quelques digressions de très mauvais goût comme "Human", mauvais pastiche des Pet Shop Boys, ou "Joy Ride", une ignominie sans nom qui mériterait qu’on écorche les quatre musiciens sur le champ. Néanmoins, ces titres, à mettre de toute urgence dans l’épais dossier à charge, ne parviennent pas à plomber complètement ce disque ambitieux et occasionnellement brillant.

Aussi insupportable soit Brandon Flowers, il est indéniable que le bonhomme sait chanter (en studio du moins) et a un réel sens de la mélodie. Comme sur son très décrié prédécesseur, on retrouve donc ici une poignée de chansons franchement fantastiques comme le single "Spaceman", la jolie ballade "A Dustland Fairytale" ou l’indéfinissable "Neon Tiger". Dans l’ensemble, il y a même plus de bons que de mauvais morceaux sur Day & Age, mais les fautes de goût sont si énormes, si impardonnables que l’on se sent presque gêné d’apprécier le reste. De toute façon, chacun s’est déjà fait son opinion sur les Killers, et je doute fort que ces quelques lignes fassent changer d’avis leurs plus virulents détracteurs. Mais sait-on jamais, on rouvrira peut-être les débats dans quelques années au moment de la sortie de l’inévitable best-of…