Chance Of Rain

Laurel Halo

Hyperdub – 2014
par Simon, le 14 janvier 2014
8

Cette chronique arrive deux armistices après la guerre, et pour cause, on a lancé ce disque pour la première fois il y a une semaine seulement. Cette attitude de connard était voulue car, pendant longtemps, il a été hors de question de poser une oreille sur un travail supplémentaire de Laurel Halo. La cause? Tout simplement le fait que Quarantine était à ce point surcoté (adulé dans tous les tops de fin d’année, jusqu’à une première place dans celui de l’excellent magazine Wire) que la jeune Américaine avait été déclarée persona non grata jusqu’à nouvel ordre. Puis bon, Laurel Halo est la compagne du mec derrière Oneohtrix Point Never, c’est dire si on tient là le couple le plus survendu de la planète électronique. Les tops de fin d’année ayant décidé de remettre le couvert en foutant Ann Arbor bien haut dans les listes des trucs à posséder en 2013, il a bien fallu qu’on se décide à mettre nos burnes sur la table.

Et on avouera qu’on aurait peut-être dû lui accorder une oreille, à ce Chance Of Rain. Présenté rapidement comme un disque de techno aventureuse, il a au moins le mérite premier de dégager toute cette obsession pour les vocaux dégueulasses et les ambiances prout-prout de Quarantine – ce qui, à nos yeux, avait rendu ce disque infréquentable. Chance Of Rain tient là de la matérialité, un véritable petit cosmos cohérent de pulsations plus ou moins rigides et de traitements analogiques malins. Chance Of Rain travaille avec la passion d’un artisan, ajustant les traitements avec une négligence toute volontaire, arrivant sur des synchronisations un peu obtuses mais tout en gestion. Puis bon, joué bien fort, ce disque peut envoyer du pâté de faisan par tranche d’Ardennais. Merci la techno, son cadre établi et ses valeurs d’insertion, elle qui autorise à toutes sortes de manipulations analogiques de gagner en dynamisme, de ne jamais sonner en dehors du sujet. Un disque qui travaille formidablement entre les lignes, qui propose un contenu homogène mais fait d’univers qui se choquent plus ou moins. Au-delà de nos blagues sur la génitrice de ce disque, on soulignera avec soin toute la classe et la passion dans la composition. Comme quoi, pour une fois, la hype n’avait pas tout à fait tort.