Parcelles 1-10

Mathias Delplanque

Bruit Clair – 2010
par Simon, le 28 mai 2010
8

Le nouvel album solo de Mathias Delplanque est une double bonne nouvelle : tout d'abord c'est le septième cadeau offert par l'activiste Nantais dans la scène des musiques de chambre, mais c'est surtout l'acte de naissance de Bruit Clair, un tout jeune label qui a su prendre directement les choses en main. Parcelles 1-10 est en réalité le premier enfant d'une trilogie qui verra après lui succéder Parcelles 11-20 et Parcelles 21-30 et destinée à venir s'inclure entre la quatorzième et la quinzième piste de Le Pavillon Témoin sorti en 2007.

Mais parler de ce Parcelles 1-10 sans évoquer sa nature musicale singulière serait un crime tant le mélange inattendu de musique concrète, d'ambient et de folk/post-rock est un régal pour les oreilles. Tout ici sent la spontanéité d'un enregistrement dans des conditions live : une musique semi-improvisée qui respecte néanmoins de grandes et belles lignes directrices afin de mieux se raconter sans jamais se perdre. Les instruments (l'ordinateur étant sur le même pied que les guitares âcres, les melodica et les gongs) sont utilisés pour leur potentiel polyphonique, jouant énormément sur un ton très métallique pour bâtir des cathédrales harmoniques tantôt discrètes, tantôt gigantesques d'électricité retenue. Parcelles 1-10 tient sa beauté de deux grands types de jeu : d'une part, les tonalités utilisées jouent avec talent dans les résonances métalliques (guitares électriques, légers larsens digitaux) en mêlant variations faussement abruptes et prises de hauteur; d'autre part, le contact des matières et l'extrême spatialisation des divers éléments donne à l'ensemble une teneur boisée extrêmement agréable. Les évocations ambient ne sont pas en reste puisqu'elles viennent ponctuer et assister avec légèreté (et cohérence) les mises en avant organiques.

Tout mis l'un dans l'autre, on assiste pendant une heure pleine à un festival de mélodies en décalage, de prises de risques baroques et de parades claires-obscures du plus bel effet – la deuxième moitié du disque, moins axée sur la rupture, alignant une belle série de merveilles musicales (on pense à « Parcelle 6 » et « Parcelle 10 »). Parcelles 1-10 c'est tout cela, et même plus sûrement, puisque le disque se joue inlassablement en boucle jusqu'à pouvoir désigner de l'oreille toutes les facettes – et elles sont nombreuses – de ce joli petit diamant. Et dire qu'on attend la suite avec impatience serait un euphémisme.