Quit The Curse

Anna Burch

Heavenly Recordings – 2018
par Alexis, le 16 février 2018
7

"2 Cool 2 Care" et "Tea-Soaked Letter", premiers extraits du Quit The Curse d’Anna Burch lancés dès la fin 2017, avaient su créer de jolis remous dans la sphère indie. Ces premières balades de l’Américaine, immédiates, avait fait naître de belles attentes pour son premier long format. Après un album sympathique avec Failed Flowers et dix ans à jouer les seconds couteaux chez les folkeux de Frontier Ruckus, Burch quittait le statut ingrat de fille du groupe pour nous montrer l’étendue de sa panoplie de songwriter.

Même s’ils ont été composés sur plusieurs années, les neuf titres dévoilés dessinent un ensemble plus monochromatique que bigarré. Les arrangements et la voix envoûtante de Burch assurent à Quit The Curse une homogénéité inattaquable, dans un style parfaitement introduit par les premiers singles, entre galères sentimentales et nostalgie détachée. Si chaque épisode conte ses échecs amoureux ou ses flirts ratés, la désormais trentenaire n’apparaît jamais éplorée. Masquant toute larmoyance derrière une plume tantôt ironique, tantôt innocente, et parant son indie pop de rythmiques toujours efficaces, elle place son oeuvre à mi-chemin entre une Molly Burch électrique et une Courtney Barnett sous Prozac.

Ne nous y trompons pas, en bon premier essai Quit The Curse n’est pas épargné par de légers problèmes de rythme et de temps faibles. Le détachement de l’Américaine se mue parfois en manque d’intensité, avec un coeur d’album perfectible. Ces rares errements ("Belle Isle", "In Your Dreams") ne dénotent jamais du reste de l'œuvre et évitent la sortie de route grâce aux trouvailles mélodiques de Burch. L’homogénéité de l’album n’exclut pas quelques fulgurances bien plus intenses. Ainsi le conclusif "With You Every Day" est d’une efficacité imparable, venant clôturer l’album sur une note éclatante et envoûtante.

Avec une entrée d’album inattaquable et un final irrésistible, Quit The Curse pourrait être une bonne première saison Netflix, avec son lot de tâtonnements mais une addictivité totale. Jamais dans l’attaque frontale, il dévoile ses charmes au fil des écoutes. Il aura fallu deux ans à Anna Burch pour compléter ses démos et se décider à en faire un album, puisse le succès de Quit The Curse réduire ses doutes et nous amener une suite encore plus solide sous peu, pas question ici de subir une annulation précoce.

Le goût des autres :