From All Purity

Indian

Relapse Records – 2014
par Simon, le 13 février 2014
8

Les ambiances de mort et de désolation ont toujours été le lot commun des sorties étiquetées « doom-metal ». Un héritage de lourdeur rock et un sens particulièrement affûté pour le groove morbide qui fait qu’on ne décroche jamais vraiment de l’actualité du genre. Pourtant, rares sont les groupes à travailler le doom-metal avec une attention toute particulière pour le bruit. Etrange constat quand on imagine les ravages qui pourraient résulter des pulsions harsh-noise et du gros gras de métalleux. C’est peut-être exagéré à ce stade, mais ce cinquième album d’Indian pourrait boucher quelques trous laissés béant jusqu’alors. Et cela avec ce qui reste comme leur meilleur album, de loin.

Aujourd’hui signée sur l’omnipotent Relapse Records, la formation de Chicago officie dans un doom-metal résolument moderne, dont le classique cahier de charge – entendez par là des guitares accordées en dessous du niveau de la mer et une batterie qui t’enfonce des clous de trente centimètres  dans le cœur – a été génialement surpassé sans trop de révérences aux anciens. Si les Ricains aiment à classer des groupes comme Indian dans la catégorie « blackened » doom, il ne fait aucun doute qu’on est encore au-delà du simple hybride d’écolier. On a, bien sûr, cette voix aiguë et rayée qui pourrait faire penser à du black traditionnel (quoiqu’on est pas loin des meilleurs chanteurs de punk/hardcore), quelques coups de double pédale, mais ce qui fait le cœur de ce From All Purity vient surtout de sa relation ambiguë au bruit. Si la filiation noise est particulièrement évidente sur un titre comme « Clarify » - cinq minutes de gazouillis bruitistes sur lesquelles vient beugler notre excité de chanteur – les cinq autres titres accueillent ici le bruit et la déflagration avec un très grand sens de la cohabitation explosive.

Qu’on soit bien compris, Indian ne se contente pas de balancer un habillage de bruits pour gonfler artificiellement son doom-metal : le bruit est véritablement instrumentalisé, conçu comme une partie intégrante du processus de composition. Une composition qui respire la rancœur (bien aidé par le chant au top) et l’apocalypse joué au ralenti. Un disque fouillé et dérangeant qui se révèle extrêmement bien hanté et très rapidement addictif, notamment par sa capacité à demeurer concentré sur le processus narratif malgré les nombreuses influences à gérer. Une plaque furieuse qui ressemble beaucoup à un sans-faute à côté duquel on vous conseille de ne pas passer.