Everything Is Borrowed

The Streets

679 – 2008
par Simon, le 30 septembre 2008
8

Après un A Grand Don’t Come For Free désastreux et un The Hardest Way To Make An Easy Living plus réjouissant, on est en droit de se demander si nos attentes placées en Mike Skinner n’étaient finalement pas démesurées, comme si Original Pirate Material n’était finalement qu’un éclair de génie temporaire. Autant dire que ce Everything Is Borrowed jouera un rôle crucial pour les considérations futures qui porteront sur son auteur.

Dès le premier titre éponyme, force est d’admettre que Mike Skinner a définitivement rangé son costume de jeune lad au placard pour endosser les apparences du gentil papy proche de ses petits enfants. Fini les ambiances tendues et urbaines, les rues de Birmingham ont été nettoyées depuis et le ciel a retrouvé des couleurs autrement plus sympathiques que la grisaille décrite dans Original Pirate Material. Il faudra donc concilier avec ce changement d’orientation qui n’est finalement que l’aboutissement d’une maturation visible au cours des différents albums, un retour en arrière semblant maintenant impossible vu les prises de position de cette nouvelle galette. L’air semble moins lourd dans ces onze nouvelles compositions et Mike Skinner trouve un nouveau souffle dans des productions plus aérées, et la présence de cuivres jazz et autres guitares pincées s’accordent donc à merveille avec un légitime ralentissement du beat.  L’optimisme qui parfume la totalité de ce disque offre à notre Anglais un climat parfait pour poser ses textes avec sérénité, dans l’intimité de pop songs raffinées et bien souvent downtempo. (si on ne tient pas compte de « The Way Of The Dodo » qui percute littéralement les oreilles).

Finalement, ceux qui ont eu la chance d’apercevoir The Streets dans une de ses nombreuses prestations en public ne seront qu’à moitié étonnés par cette nouvelle livraison, car Everything Is Borrowed est en totale adéquation avec les aspects carrément pop et libérés des versions live des albums précédents. Mike Skinner impose son disque avec modestie, se racontant de manière limpide sans jamais tomber dans la sensiblerie consommée, et c’est peut-être là la force ultime de ce nouvel essai. En s’investissant corps et âme dans cette voie plus organique et accessible, il ne fait nul doute que The Streets se retrouve, enfin, après deux albums en demi-teinte, à nous faire rêver de l’Angleterre contemporaine et d’un rap cockney qui reprend quelque peu des couleurs. Bel effort en somme.