Concert

Belle & Sebastian

Le Grand Rex, le 11 avril 2011
par Pauline, le 18 avril 2011

Il fallait vraiment avoir envie d'aller voir Belle & Sebastian ce lundi à Paris. Prix des tickets plutôt conséquent pour un groupe de pop, concert rapidement sold out, places assises, bref, un parcours semé d'embûches. Et pourtant, c'est devant une salle comble et motivée que joue le célèbre groupe de Glasgow ce soir. Le tout au Grand Rex, salle mythique à la hauteur du groupe qui n'a pas tourné en France depuis la Route du Rock à Saint Malo en 2006. Les Écossais se font donc rares sur notre territoire, ce qui explique en partie l'engouement qu'ils suscitent.

Pour ouvrir leur show, Belle & Sebastian a invité Zoey Van Goey, un groupe à la Cloudberry Records donnant dans la pop timide, gentille et modeste. Ils font passer le temps agréablement, entre petits morceaux inoffensifs , chansons participatives et entre-deux assurés dans un français un peu approximatif. Un groupe avec un bon potentiel, mais encore un peu bancal et maladroit sur scène, surtout comparé au professionnalisme qu'affiche désormais fièrement Belle & Sebastian.

Les membres de Belle & Sebastian montent ensuite sur scène dans un décor sobre aux couleurs de leur dernier opus Write About Love, sous les applaudissements sans fin de leur public. Le groupe est de plus en plus porté par son leader Stuart Murdoch, qui ne cesse de gagner en charisme et en confiance depuis les débuts timides de Tigermilk. Ici il apparaît chapeau vissé sur la tête, petites danses toutes prêtes... Ils ouvrent sur le flamboyant "The Stars of Track and Field", morceau d'ouverture de leur plus bel opus If You're Feeling Sinister. Pas de doute, Belle & Sebastian n'a rien perdu de sa superbe depuis 2006. Murdoch parle juste ce qu'il faut, invite des fans sur scène, danse et fait l'animation... Des vrais pros on vous dit !

Pro, oui, mais pas seulement. C'est aussi un groupe qui bouillonne d'une émotion très sincère et qui lui sert comme principal moteur. Il y a vraiment quelque chose de fascinant à le voir tenir debout aussi solidement, après le départ de certains de ses piliers (le co-fondateur Stuart David, la belle Isobel Campbell), après 8 albums et une évolution conséquente.Que leurs albums plaisent ou déçoivent (leur petit dernier a obtenu des critiques assez mitigées), ils sont suivis par un public assidu, des post-ados qui les ont découver en fouillant le bacs de cds à 6,99€ aux trentenaires fidèles depuis 15 ans. Ce joyeux magma de fans se retrouve autour de leur pop lumineuse, sautillante et mélancolique.

Ce soir, le concert s'articule comme un best of, un voyage dans la carrière du groupe et ses différentes phases : des trois disques majeurs (If You're Feeling Sinister, The Boy With the Arab Strap, Tigermilk) aux albums moins connus (Fold Your Hands Child, You Walk Like A Peasant) jusqu'aux récents opus et à leur virage plus "orchestre pop" (Write About Love, The Life Pursuit, Dear Catastrophe Waitress). Deux heures de show qui consacrent certains tubes, mettent en lumières des morceaux moins connus mais tout aussi appréciables et n'en oublient pas les belles ballades du début ("Judie and the Dream of Horses", "The Fox In The Snow",...). Une setlist parfaite. Belle & Sebastian reste ce groupe d'éternels adolescents, porté par la voix angélique d'un Stuart Murdoch qui n'a pas pris une ride, par les arrangements et les cordes qui les font gagner en ampleur... On regrette peut-être de voir Stevie Jackson (sorte de co-leader du groupe) en retrait, à cause d'un rhume qui l'empêche de chanter en solo.

Le concert de Belle & Sebastian raconte une histoire, celle d'une troupe qui vieillit bien, et qu'on aura bien du mal à arrêter d'aimer. C'est aussi une histoire de générosité, qui témoigne d'un temps où la possibilité d'une pop complètement décomplexée, qui ne tomberait jamais dans la mièvrerie était possible. C'est un groupe qui ressemble à un ami qu'on aurait depuis longtemps, et qu'on ne voudrait pas lâcher. Un groupe qui a voulu séduire les bandes FM (ambition avouée de Dear Catastrophe Waitress) sans jamais perdre de son unicité. En gros, un groupe qui a réussi à se porter exactement là où il voulait, sans jamais se trahir. Et c'est exactement ce qui ressort de ce concert au Grand Rex : Belle & Sebastian semble être un groupe heureux, avec des fans fidèles et une carrière bien remplie. Une histoire qui finit bien.