Concert

Ardentes 2010

Liège, le 8 juillet 2010
par Jeff, le 15 juillet 2010

Here We Go Magic / Jeudi / HF6 / 16.30 – 17.10

Luke Temple, on l'aime. On l'adore même. Il suffit de lire notre chronique du magnifique Hold A Match For A Gasoline World pour s'en rendre compte. Ce mec est l'un des secrets les mieux gardés de la galaxie folk américaine et pour le coup, Ben Gibbard de Death Cab For Cutie ne se trompe pas des masses en affirmant, « That guy's great, an amazing songwriter. His voice alone is so damn good -- one of the prettiest voices in all of indie rock, hands down. » Pourtant, en solo, le songwriter du Massachussetts n'a jamais vraiment percé. En sera-t-il autrement avec son projet rock Here We Go Magic, deuxième groupe à se produire dans l'énorme HF6 en ce premier jour de festival? Après quarante minutes d'un concert un peu trop bruyant, la réponse est oui, oui et oui! Car si les festivals doivent avoir un rôle, c'est aussi celui-là: celui de la piqure de rappel, de l'occasion rêvée d'enfin écouter ce groupe qui agite la blogosphère depuis quelques mois ou que vous n'avez simplement pas eu le temps de découvrir. Et à ce petit jeu là, Luke Temple et ses acolytes ont magnifiquement rempli leur mission, répondant aux attentes des fans et en en créant de nouveaux avec leur rock en flux tendu et tout en montées en puissance, à l'image de « Collector », morceau phare du récent album du groupe Pigeons. Certes, dans une configuration plus fournie, la voix magnifique de Luke Temple est reléguée au second plan, mais largement compensée par les inflexions dream-pop et krautrock d'un groupe un brin sous-estimé.



Julian Casablancas / Jeudi / Parc / 21.00 – 22.00

La dernière fois que l'on a vu Julian Casablancas sur une scène belge, cela devait être le 26 février 2002 à l'Ancienne Belgique, avec les Strokes évidemment. A l'époque, le groupe new-yorkais venait de déclencher un véritable séisme planétaire avec son gigantesque et indémodable Is This It?, qui allait marquer le retour en force du rock garage, des jeans qui font coller les bonbons au sachet et des Converse All Star usées. Huit ans plus tard, les Strokes n'ont sorti que deux autres albums et nous en annoncent un tout neuf pour mars 2011. En attendant, c'est un peu la foire au chacun-pour-soi. Julian Casablancas est d'ailleurs le dernier à s'être signalé, mais ne l'a pas trop mal fait avec un premier album qui tient la route. Forcément, entendre le chanteur des Strokes défendre son bébé est une bonne chose, même si au fond de lui-même, le fan de base espère un « Last Nite » ou un « Reptilia » de derrière les fagots.

Première mauvaise nouvelle: Monsieur Casablancas se permet 15 minutes de retard. Deuxième mauvaise nouvelle: l'ami Julian ne semble pas au meilleur de sa forme. Visiblement, il lutte avec quelques problèmes de gorge et surtout, il semble joliment à côté de ses pompes, lui qui affirmait il y a encore peu de temps avoir arrêté l'alcool. Heureusement, l'homme sait se faire pardonner et entame son set avec un « Hard To Explain » qui fout des frissons à tout qui a connu l'émergence fulgurante des Strokes et enchaîne tambour battant sur un « Out Of The Blue » qui mélange riff 'strokien' et clavier vintage. C'est vrai, Julian Casablancs fait un peu peine à voir, mais il y a quelque chose dans cette prestation qui la rend finalement assez agréable: une poignée de putain de bonnes chansons et un je-m'en-foutisme absolu. Certes, on lui pardonne difficilement de se barrer après 30 minutes seulement histoire de forcer non pas un, mais deux rappels, mais ceux-ci contenant le tube « The Modern Age » ainsi qu'un « 4 Chords of the Apocalypse » qui lui permet d'aller faire un petit tour dans le public, la pilule passe un peu plus facilement. Bref, peut mieux faire, mais pas mal quand même.