Parallax Error Beheads You

Max Tundra

Domino – 2008
par Simon, le 5 mars 2009
7

C’est avec un peu de retard que déboule ici la chronique de l’album de Max Tundra, mais l’importance qu’a pris ce disque au cours des dernières semaines signifiait un passage obligé dans les lignes de votre webzine préféré. L’histoire commence avec un micro-buzz, ce genre de publicité qui vous propulse rapidement des bardes électroniques aussi inconnus que pouvaient l’être Dan Deacon ou Girl Talk au rang de meilleur espoir. Album d’autant plus attendu que sa sortie était prévue sur Domino, label au nez fin qui ne rate aucune occasion de faire connaître bon nombre d’artistes méritants. Rapidement introduit comme un croisement subtil et détonnant entre une pop décomplexée et l’univers complexe d’Aphex Twin, Max Tundra se pose d’emblée comme un ovni musical à haut potentiel.

L’album débute sur une comptine pop qui se voudrait la descendance de Tahiti 80, à la voix presque digitale et pleine de bons sentiments. Une pop pour vieux enfants qui prend une tournure encore plus sympathique au moment où elle s’encadre de ses vieilles réminiscences 8-bit et de ses claviers empreints d’un funk digital souriant. Mais ce qui est censé faire le véritable atout de ce disque est son croisement subversif entre rythmique déglinguée et synthétisme pop. « Will Get Fooled Again » s’empresse de détailler avec plus d’ampleur ce programme alléchant en faisant sonner vocalises colorées et toile de fond débridée. Le problème avec ce genre de tentative (et « Orphaned » parle pour moi) est que l’on tombe rapidement dans une tripotée de clichés déplaisants. Car le glitch pour l’amour inconditionnel du glitch devient vite pataud et perd instantanément de sa vigueur, troquant le mystère qui entoure cette musique pour une pâle démonstration de technique binaire que seuls les plus nerds d’entre nous pourront pleinement apprécier. Car ce type d’electronica n’est pas neuf, et tout semble avoir été dit sur la fraîcheur et la créativité de cette musique, sinon qu’elle demeure intéressante une fois accompagnée d’une véritable entreprise musicale à ses côtés.

La tentation est donc grande de taxer ce Parallax Error Beheads You d’electronica pour branleurs, de glitch pour cinquantenaires (type d’attitude dont Telefon Tel Aviv est à ses heures perdues le véritable maître à penser). Heureusement, la pop de Max Tundra sait, la plupart du temps, passer outre cet écueil pour proposer un son invariablement frais et léger, véritable antichambre d'une philosophie "tout sourire" que rien ne paraît pouvoir troubler, une bonne humeur communicative qui ferait presque oublier les quelques ratés çà et là, notamment les associations parfois pompeuses de notre troubadour et la superficialité de certains arrangements. Car en réalité, on se rend vite compte que l’un ne saurait se passer de l’autre, la pop enchanteresse et l’electronica sont sans doute trop faiblardes pour pouvoir survivre à la chaîne stéréo ; mais une fois combinée, ces deux genres se confondent avec une facilité déconcertante pour former un tout unique, une seule réalité contenue dans un seul univers.

Pas de quoi s’affoler, Max Tundra propose là un disque simplement à la hauteur de ses ambitions, qui passera comme une lettre à la poste pour dissoudre les matins difficiles ainsi que les après-midi ennuyeuses. Le buzz ne nous avait pas menti en affirmant de manière claire que Max Tundra valait le détour, de là à en faire le super-héros de l’année 2008 écoulée, il y a un pas que je ne peux me résoudre à franchir à l’écoute de ce Parallax Error Beheads You.