Green Naugahyde

Primus

Prawn Song – 2011
par Michael, le 24 novembre 2011
8

Voilà un retour aux affaires qui fait plaisir. Là où nombre de groupes capitalisent sur des reformations qui n'ont d'autre objet que de renflouer les caisses lors d'interminables tournées pour hordes de nostalgiques - dont nous faisons parfois partie, il faut bien le reconnaître - peu sont ceux qui ont osent le nouvel album. Primus, qui a été l'un des premiers groupes à inaugurer la mode des albums classiques rejoués entièrement sur scène, est également l'un des rares à avoir sauté le pas avec ce Green Naugahyde, septième véritable album.

Pour ce nouvel opus, la bande à Les Claypool à eu la bonne idée de revenir à une production plus légère et moins tape-à-l'oeil que sur un Antipop qui lorgnait parfois vers le métal bas du front avec ses guitares démultipliées. On notera aussi un détail de taille : le remplacement de Tim Alexander, le batteur historique qui avait déjà quitté le groupe à deux reprises par le passé, par Jay Lane, premier batteur de la formation. Selon les dires de Claypool, Alexander était davantage préoccupé par les tournées de reformation et le culte de la nostalgie évoqués plus haut que par la composition de nouveaux morceaux, condition sine qua non posée par Claypool pour continuer à faire vivre le groupe. En définitive, les sceptiques dont je faisais partie se rallieront pourtant à la cause Jay Lanesque et à ce gambit risqué mais finalement salutaire. Le jeu de Lane s'avère à première vue moins spectaculaire que celui d'Alexander mais joue davantage sur la finesse et le sens du groove. 

Le Primus cuvée 2011 se révèle quant à lui dans la rupture au niveau du son mais dans la continuité des derniers albums au niveau de l'esprit : on est en ce sens plus proche de Rhinoplasty que de Frizzle Fry et les histoires de freaks et de white trash sont toujours les thèmes favoris de Claypool ("Moron TV" ou "Last Salmon Man"). Si la première écoute de Green Naugahyde nous laisse sur notre faim, les suivantes contredisent cette première impression en révélant le statut de grower d'un album qui ne se laissera totalement appréhender qu'avec le temps. Certes il n'y a pas de tubes à la "Wynona's Big Brown Beaver", "Tommy The Cat" ou "Electric Uncle Sam" et il sera difficile d'écouter des titres de manière isolée (si ce n'est les excellents "Tragedy's A' Comin'", "Moron TV, "Eyes of the Squirrel",  "Extinction Burst" et l'hommage au meilleur méchant de western de tous les temps, "Lee Van Cleef").

Les titres de Green Naugahyde s'enchaînent dans une logique de déroulement qui montre que l'album ne s'est pas construit à la va-vite mais qu'il a été mûrement réfléchi. Green Naugahyde montre donc l'exemple en prouvant par A + B qu'une reformation peut produire de bons résultats discographiques en plus de satisfaire les fans de la première heure par des tournées qui n'en finissent pas de finir.

Le goût des autres :
8 Gwen 8 Laurent