Fantasma Parastasie

Aidan Baker & Tim Hecker

Alien8 Recordings – 2008
par Simon, le 27 décembre 2008
8

Fantasma Parastasie signe le grand retour de Tim Hecker sur les devants de la scène électronique expérimentale. Accompagné cette fois par un autre grand monsieur de la scène de Montréal (Aidan Baker, membre du duo Nadja), Tim Hecker nous revient après Harmony In Ultra Violet, véritable pierre angulaire de l’expérimentation électronique en son temps. Et c’est avec un grand plaisir que ces deux-là nous reviennent pour une collaboration qui annonce le meilleur (les deux compères ayant déjà signé pas moins de huit réalisations au sein du label Alien8), quand on sait que Baker et Hecker ne constituent rien de moins que la fine fleur du dark ambient contemporain. Je branche donc sans la moindre once d’hésitation ce Fantasma Parastasie, dont j’attends beaucoup, vous l’aurez compris.

Et cette nouvelle œuvre ne tarde pas à faire parler son talent, une longue introduction se chargeant de vous amener d’emblée à la dérive. Porté par un amas de volutes grésillantes, « Phantom On A Pedestal » vous plonge la tête dans un monde obscur et plein de mauvaises intentions, mais l’explosion discrète de pianos déchirés et de cordes ravageuses vous explique sans plus de formalités que rien ici n’est construit pour vous causer du tort. A partir de là, les titres s’enchaînent les uns dans les autres, délaissant ce qui précède dans une pluie de cendres, créant une osmose profonde et progressive que seule votre écoute attentive parviendra à déceler. Pas de léthargie passive et tristounette ici, Fantasma Parastasie est un disque foncièrement puissant, qui compense sa lente avancée par des épaules puissantes, raclant la matière comme un rabot de diamant trancherait l’acier rouillé. Monté pièce par pièce comme une longue alternance d’inspirations puis d’expirations, ce disque est un éternel reflux d’ombres qui se voudraient vicieuses mais dont les aspects arides trahissent au final une matière fragile, complexe et qui ne demande qu’à être explorée dans sa plus intense profondeur. Un cœur qui absorbe et qui expulse lentement ses humeurs sous une couche de plomb, tendant en permanence vers une lumière à peine visible.

Car Fantasma Parastasie est un disque fort, qui s’apprivoise à mesure que les écoutes attentives se feront répétées. Mais il existe bel et bien une clé cachée dans ce labyrinthe de nappes, qui vous permettra d’atteindre des sommets d’introspection et de voyeurisme presque romantiques. Fanstasma Parastasie est finalement un disque à la hauteur de ses compositeurs, qui devrait sans plus de mal se glisser parmi les plus belles ballades claires-obscures de cette année, au moyen de sa poésie obscure et de sa richesse texturale assourdissante. Une perle assurément.

Le goût des autres :
8 Julien