The producers #13: le CV de Kurt Ballou est une anthologie du punk hardcore de ces 20 dernières années

par Alex, le 12 septembre 2017

C’est l’histoire d’un mec qui décide un jour de lâcher son job dans l’industrie biomédicale pour monter son studio d’enregistrement de ses propres mains. Nous sommes en 1990 et à cette époque, Kurt Ballou n’est encore qu’un gamin du Massachusets qui officie au sein d'un petit groupe du nom de Converge. Mais au fil des années, le constat est apparu clairement: c’est en grande partie à lui que l’on devra la construction de la colossale discographie du groupe de Boston. Démo après démo, d'EP en LP, le jeune Ballou analyse tout, approfondit ses connaissances et expérimente inlassablement en studio. Il en profite pour se forger une solide réputation d’ingénieur/producteur à mesure que sa carrière avec Converge prend de l’ampleur. C'est en 2001, après l’enregistrement du monstre Jane Doe, que le bonhomme bascule dans une autre dimension et accueille à bras ouverts sa destinée d’homme de studio prolifique.

Au sein de GodCity Studio, l’antre de Salem dont il est propriétaire, il semble accueillir depuis toujours la crème de la crème des formations punk/hardcore/metal qui recherchent en lui cette faculté à perfectionner leur son et à transformer leur album en une véritable entité organique et mouvante. Il suffit de jeter un œil à la stratosphérique liste de ses (500+) collaborations au cours des vingt dernières années pour se rendre bien compte du niveau de qualité affiché. On y retrouve en vrac et dès ses débuts d’importantes figures de la scène bostonienne dont Cave-In, Isis, American Nightmare, ou encore Have Heart, ainsi que des groupes comme Trap Them, ou Modern Life Is War qui formeront une partie du roster de Deathwish Inc, label détenu par son beuglard de comparse Jacob Bannon.

Du post-metal au punk mélodique en passant par le sludge crasse, Kurt Ballou a (quasiment) touché à tout pour (presque) tout transformer en or. Niveau européen, les belges de Oathbreaker ou de (feu) Rise and Fall ont par le passé laissé soin à ce grand monsieur des musiques qui frappent très fort d’opérer sa magie en studio pour un résultat chaque fois frappé du sceau de l’excellence. Mais si la magie est une affaire de secret, Kurt Ballou est plutôt du genre généreux et dévoile régulièrement toutes ses techniques de prise de son et de production via des tutoriels pédagogiques. Vraiment sympa.  

Là où l’homme force l’admiration, c’est dans cette capacité à s’investir sans relâche dans la conception d’un projet, quitte à devenir le membre invisible du groupe avec lequel il travaille. Multi-instrumentiste et omniprésent, sa contribution à la musique de son époque est remarquable et il semble aujourd’hui être, à 43 ans, tout en haut de son art. Oui, avec son air de papa cool et son côté nerd, Kurt Ballou est un vrai gourou de la production, chevronné mais novateur, sympa et tellement DIY que sa carte de visite se transforme littéralement en pédale de distortion pour guitare. Sa créativité et son exploration permanente des techniques du son font de lui une figure essentielle de la scène hardcore/punk contemporaine. Tout ceci valait bien une playlist riche en riffs de premier choix.

Les autres The Producers :

#1: Rick Rubin
#2: Steve Albini
#3: DJ Premier
#4: The Neptunes
#5: Scott Storch
#6: DJ Mustard
#7: Kanye West
#8: DJ Mehdi
#9: Dr. Dre
#10: Metro Boomin
#11: Mike WiLL Made-It
#12: Organized Noize