On a regardé le premier épisode de Beat, la série qui se passe dans le milieu de la techno berlinoise

par Jeff, le 12 novembre 2018

À une époque où tout se filme (heureusement, tout ne se regarde pas), il est bon de se dire que la club culture berlinoise dans ce qu'elle a de plus libertaire et hédoniste continue de prospérer dans une discrétion que l'on impose à ceux qui veulent en profiter - en même temps, les chanceux qui ont franchi la porte du Berghain ou du Watergate vous diront que ce qu'ils y ont vu n'est pas vraiment adapté pour le petit ou le grand écran. Par ailleurs, que ce soit à la télé ou au cinéma, filmer correctement le club et en faire un élément à part entière de l'histoire est une entreprise éminemment casse-gueule - à quelques rares exceptions près, c'est souvent la foire aux mauvais clichés, ou le simple étalage d'une ignorance crasse du sujet. 

Bref, comprendre et bien filmer le club et la culture qui l'entoure, c'est la promesse faite par les gens derrière Beat, nouvelle série allemande qui a débarqué vendredi dernier sur Amazon Prime Video, le service de streaming du géant de Seattle qui tente tant bien que mal de grappiller des parts de marché à Netflix avec des projets pas inintéressants comme Mozart In The Jungle, Transparent, ou The Marvelous Mrs. Maisel.

Première chose qu'il faut préciser : que ceux qui s'attendent à une sorte de docu-fiction sur le milieu berlinois de la techno se ravisent. Celui-ci sert de toile de fond à une histoire assez bateau de meurtres glauques et de réseau de trafic d'organes. D'ailleurs, de ce qu'on en a vu pour le moment, c'est cette partie-là du projet Beat qui génère le moins de surprises ou le plus de circonspection : on est dans quelque chose d'assez prévisible, bien dans l'air du temps et qui respecte à peu près tous les codes de la série policière européenne en 2018 - un peu de Luther par ci, un peu de Broadchurch par là, mais en moins bien.  

Par contre, pour ce qui est de dépeindre le milieu de la techno, même si on n'évite pas certains raccourcis inhérents au format série, on est dans quelque chose de très sérieux qui ne donne pas dans le compromis ; en même temps, le showrunner Marco Kreuzpainter a écumé les clubs berlinois pendant les douze années qu'il a vécues dans la capitale allemande. Quant au Sonar Club où se passent pas mal de choses, le lieu est un hommage évident au Berghain, tant au niveau de son architecture que de son physio un peu à part. Et puis pour définitivement faire valider la série par le milieu, c'est Marcel Dettmann en personne qui sort un inédit de son chapeau pour le générique de fin du premier épisode.

Bref, si Beat est loin d'être une série révolutionnaire sur le plan du scénario ou des personnages, le simple fait qu'elle parvienne à ne pas sombrer dans la caricature dès qu'elle évoque la culture club est une grosse victoire en soi.