Lyon, capitale du funk ?

par Émile, le 14 février 2020

True story : lorsque j'ai emménagé à Lyon, j’ai croisé trois personnes différentes me disant que c’était ici que le funk avait été inventé. Cette mythologie propre au 7e arrondissement, que je prenais simplement pour une discussion de bourrés sur les quais de Rhône, j’ai mis du temps à la comprendre.

Il faut dire qu’en 2020, la Guillotière est un quartier en transformation. La mairie de Lyon pousse depuis des années pour faire fermer les kebabs et les épiceries orientales afin de boucler définitivement le projet d’un urbanisme bourgeois dans tout le centre-ville, projet qu’on aperçoit depuis les années 1990 et la construction du Clip, ce bâtiment destiné à détruire l’unité des communautés maghrébines qui s’étaient installées dans le quartier. Que meure la culture immigrée, que vivent les magasins de vélo et les burgers.

Il y a quarante ans, ce quartier abritait une foule de musiciens, principalement venus de l’Est algérien, qui ont donné pendant près de vingt ans une identité sonore à toute une ville, et notamment à ces quartiers populaires. Si les mariages et les anniversaires sont une opportunité d’affaires pour ces chanteurs et artistes, c’est toute une série de petits labels et studios qui vont se monter entre Lyon et Villeurbanne, pour accueillir une scène raï et staïfi mélangée aux grands genres populaires des années 1970 et 1980.

Lyon, capitale du funk ? Non. Capitale d’une musique de fête qui disait beaucoup sur ses habitants et dont l’absence d’héritage en dit long sur ce qui se passe dans ses rues ? Carrément. Cette histoire, elle a déjà été contée maintes fois – on vous laisse notamment écouter le superbe podcast de France Culture à ce sujet – mais on ne remerciera jamais assez les Suisses de Bongo Joe Records, associés aux Lyonnais de Sofa Records, de vouloir la remettre au goût du jour. Maghreb K7 Club : Synth Raï, Chaoui et Staïfi (1985-1997) sortira le 27/03 et on vous en reparlera très certainement.