Last Night In Paris, le collectif londonien qui repousse les frontières du rap made in UK

par Ruben, le 4 février 2017

Le rap britannique n’a jamais autant brillé qu’en 2016. Bénéficiant de plateformes hyperactives comme la chaîne Link Up TV qui assure une dose quotidienne de grime straight outta London, le genre semble traverser un nouvel âge d’or. Conséquence directe : la concurrence sur la scène londonienne est désormais si rude qu’il faut faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour se démarquer des dizaines de crews qui espèrent tous faire carrière dans le grime ou le hip hop.

Et tandis que les vieux de la vieille restent fidèles à leurs racines (coucou Wiley) et qu'une nouvelle garde assure la surveillance du temple (coucou Stormzy), d’autres ont choisi de proposer un produit tourné vers le marché US, adoptant les tendances actuelles en saupoudrant le tout de cet accent londonien si typique. Ce fut le cas pour Jay Prince et son dernier album Smile Goodmais également pour le dernier projet du crew Last Night In Paris.

Copiant le schéma familial d’Odd Future ou du A$AP Mob, les occupations des membres de Last Night In Paris s’étendent dans différentes formes de street art. Ainsi, Poter Elvinger est le producteur maison, Jordan Wi-Fi est co-fondateur/réalisateur, Tee est MC/graphiste, Jaja se charge des refrains, etc. Bien d’autres artistes viennent compléter les rangs de la fine équipe et on recense notamment Collard, Jaja, KC, Serb, Flowzart, Danny et Zach - mais la liste varie constamment.

Et c’est justement cette volatilité qui fait leur force. En adoptant des critères de recrutement souples, la troupe originaire du South East London passe une grande partie de la scène underground au peigne fin pour ne s'affilier qu'aux pépites. Sous la forme d’un brainstorming collectif orchestré par un noyau dur composé de Jordan Wi-Fi et Tee, le groupe parvient à dégager une véritable aura avec des sonorités travaillées et des conceptions visuelles innovantes.

Leur dernier projet, un EP intitulé Pure, est sorti fin janvier. La qualité des 5 pistes (dont un interlude) justifient amplement la pertinence de la stratégie globale adoptée par Last Night In Paris - et nous rappelle accessoirement que le rap UK risque encore de frapper très fort cette année.