Batu est le nouveau patron dont la future bass a besoin

par Aurélien, le 29 mai 2018

Il y a quelques mois, alors que tout le monde s'excitait sur la montée en puissance du Bitcoin, XL Recordings optait pour des valeurs refuges en signant le stylé Suédois Baba Stiltz d'abord, qui a gagné ses gallons en bossant pour Yung Lean ou en sortant de très belles choses sur Studio Barnhus; et l'Anglais Batu ensuite qui, après quelques passages remarqués chez Hessle Audio, Fringe White ou Cold Recordings, est en passe de devenir l'un des nouveaux apôtres de la scène future bass.

En tout cas, à en juger par ce "Flash React" qui annonce son nouvel EP sur le label, Batu dépoussière avec beaucoup d'audace les codes de la jungle. D'après les mots de l'intéressé, "chaque piste présente une phase différente d'expérimentation, avec différents tempos. Je voulais aller plus loin que sur n'importe quelle autre des mes précédentes sorties". Le Rebuilt EP sort ce vendredi, et on est évidemment très excités.

Le challenge, c'est un terme qui hante le début de carrière du natif de Bristol. Une éthique qui traduit chez lui un état d'esprit salutaire: se mettre dans la merde pour produire des crossover élégants, et jouer avec les nouvelles couleurs de la bass music. En parallèle à cette signature qui fait de lui l'un des nouveaux papes de la musique club aux côtés de gens comme Minor Science ou Kowton, Batu a lancé sa structure Timedance, sur laquelle il signe des gens à l'identité musicale déjà bien affirmée (Bruce <3), ainsi que d'une flopée de newcomers très excitants. Là encore, l'éthique prime: il faut proposer une expérience de club unique, en veillant à ne jamais sombrer dans un élitisme intello.

Il manquait en définitive une vraie compilation pour prouver qu'Omar McCutcheon était plus que l'homme de quelques bangers. Toute cette exigence, c'est sur Patina Echoes qu'on la retrouve. Onze titres sortis vendredi dernier qui font la part belle à cette club musique pleine de glitch et d'éruptions infrabassées, et qui s'essaient parfois à des narrations à la limite de l'anti-clubbing.

Tout au long de cette heure de musique, il y a une volonté affirmée d'écrire un nouveau chapitre, sans jamais renier un glorieux passé. Quand le "Stasis 113" de Chekov se présente comme un cousin éloigné du "Rubber Tree" de Pearson Sound, le "Horus" de Neinzer ou le "Naked" de Cleyra évoquent assez clairement le dubstep plein d'esprit de Deep Medi, le label de cette canaille de Mala. Mais Patina Echoes sait aussi s'offrir de vraies parenthèses techno, comme le prouve l'imparable "Consider The Internet" du Nantais Simo Cell: sept minutes d'une grosse bassline bien ronflante saupoudrée de samples d'Ocarina Of Time, façon Salt Bae. La progression est imparable, comme la poussée de fièvre. 

Vous l'aurez compris: Patina Echoes est une belle démonstration de force, et surtout une chouette carte de visite qui place Timedance dans tous les gros clubs pour les années à venir. Cerise sur le gâteau, si la sélection de ces titres est signée Batu, il est le grand absent de cette compilation pleine de promesses, histoire de ne pas faire d'ombre à cette belle bande d'apprentis sorciers.