Dossier

Vulvet Underground - Episode 1

par Gwen, le 3 février 2019

Si la plupart aiment regarder les filles qui marchent sur la plage, on se dit que leur prêter l’oreille ce n’est pas mal non plus. De plus en plus nombreuses à réclamer leur bout de scène, elles nous parlent d’amour, bien sûr, mais aussi de cul, de politique, de croyances diverses et variées, d’expériences troubles, de rêves à conquérir et de mâchoires à déboîter d’un coup de pelle. Certaines d’entres elles en parlent encore mieux que d’autres et cela méritait bien un relevé régulier de nos meilleurs espoirs féminins dans leur catégorie respective.

Selon une étude commandée par Fender, 50% des nouvelles guitaristes seraient donc des femmes. Hallelujah, gloria ! G-L-O-R-I-A ! (*Patti Smith roaring voice*) Parmi ces adolescentes qui se décident à glisser une sangle autour de l’épaule se trouve peut-être celle qui pissera définitivement sur un genre (appelons ça globalement « le rock ») qui rechigne pas mal à se remettre en question. Si la liste des gueulardes s’allonge de jour en jour, il reste largement de la place en bas de page. On se propose donc d’y rajouter quelques noms à découvrir ou à creuser. 

Nadine Shah

Alors, ouais, d’accord, Nadine doit probablement se sentir à l’étroit sur l’étagère des débutantes mais tant que son nom n’a pas atteint une dimension acceptable sur les affiches, on ne se privera de passer une nouvelle couche. Depuis ses débuts qui l’ont rapidement raccordée à sa compatriote PJ Harvey, Shah a eu l’occasion d’affiner ses intentions au cours de trois albums bien cimentés. Et si sa voix pourrait aisément éprouver la résistance de vos vitrages, elle préfère la brider avec élégance de sorte que son message reste limpide. Parce que Nadine ne raconte pas que des conneries. Elle a même deux trois choses à dire au sujet de l’état de son île et on aurait tort de ne pas l’écouter.

Amyl & The Sniffers

À l’instar de sa collègue susmentionnée, Amyl a déjà rempli sa part de bars fumeux et s’apprête à élargir son horizon. Il lui a d’ailleurs suffit d’un seul album pour être convoquée au prochain Primavera (bien loin derrière les faux cils de Cardi B mais c’est déjà honorable de la part d’un poids plume débarqué d’Australie). Amyl et ses Sniffers rejouent les seventies à toute blinde en se foutant bien de savoir si cette air-là n’a pas déjà été ratissé une bonne centaine de fois au cours des dernières décennies. Ça n’a aucune importance à partir du moment où le public se tamponne dans la joie, l’allégresse et les sécrétions corporelles. Adepte d’un impérissable « one, two, three, four ! » à l’arrache, notre blonde serait (presque) capable de rendre son heure de gloire à la coupe mullet. Pour être honnête, on n’est pas certain de comprendre tout ce qu’elle entasse en deux minutes trente mais avec des titres tels que "Blowjobs" ou "Balaclava Lover Boogie", on lui laisse les clés de la baraque les yeux fermés.

Sloppy Jane

Haley Dahl va sans doute en énerver plus d’un et cela suffit à susciter notre intérêt, peut-être même notre affection. Celle de Lydia Lunch aussi, semble-t-il, puisque la « grande prêtresse des casse-couilles » a rapidement vu en cette jeune New Yorkaise une apprentie à chérir. Car Haley aime la confrontation. Et si jouer à poil tout en régurgitant de la teinture bleue permet d’accélérer le débat, elle ne voit pas trop où est le problème. Il serait d’ailleurs commode de réduire les performances de son groupe à une provocation bon marché échafaudée par des étudiantes en art plastique. Derrière les poses malaisantes et ce corps couvert d’hématomes, on a surtout affaire à la défenderesse d’un punk/folk (si si, ça existe... on a décidé que ça existait.) décharné et surprenant qui n’abuse pas forcément du volume pour botter le cul des ours en pleine hibernation.

Goat Girl

« Creep on the train - I really want to smash your head in » Discours cinglant et chant las à la Cat Power, les quatre Londoniennes de Goat Girl visent juste lorsqu’il s’agit de traduire la galère des usagères de transports en commun. Elles ne font d’ailleurs pas de quartier en règle générale. Leurs morceaux concis et leur attitude d’écolières indisciplinées « qui en savent bien plus que leurs frais minois ne laissent paraître » ont sans aucun doute du peser dans la balance lorsque Rough Trade a décidé de leurs tendre un contrat au courant 2017. Après avoir aiguisé leurs couteaux aux côtés de Shame avec qui elles partagent de toute évidence le même état d’esprit, Goat Girl peut désormais se reposer sur un premier album aux chevilles solides et au sale caractère.

Dream Wife

Pour ramasser des points sur leur bulletin et s’offrir un prétexte pour partir en tournée, deux Anglaises et une Islandaise se trouvent des affinités en manigançant un faux girls-band inspiré de Spinal Tap. Le projet qui devait surtout servir de rampe de lancement a depuis lors calmé son côté potache mais conserve encore un certain sens de l’humour. Naviguant quelque part entre Elastica, Bikini Kill et Joan Jett, le trio compacte son énergie power-pop et son punk allégé (parfois en islandais dans le texte) pour un résultat efficace et immédiat. Un peu comme un nuage de paillettes eighties qui enfarinerait une bagarre de riot girls.