Dossier

Goûte Mes Mix #73: Pleasure Model

par la rédaction, le 3 juin 2018

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Tracklist

  1. Boy Harsher - Deep Well
  2. Cestrian - Annihilator
  3. Erotek - I Shall Tek Thee
  4. Jeremiah R - Synchronisation Of The Soul
  5. Dexter - Midnight Cruiser
  6. Tommy Walker III - Metabunny Hamilton Brown
  7. ERP - Snowday
  8. London Modular Alliance - Brockie Det
  9. DJ Overdose - HAEX-HRLL
  10. Aquanauts - Spawn
  11. Egyptian Lover - Into The Future
  12. Luke Eargoggle - Faceless Minds
  13. Skinny Puppy - Assimilate

Pourquoi écrit-on des chroniques? Certainement pas pour la célébrité, les lauriers ou la visibilité - sinon ça fait longtemps qu’on demanderait à Roméo Elvis si il est plutôt caca mou ou caca dur dans des capsules vidéo d’activation de branded content pour nos targets. Les raisons qui nous poussent à passer des heures pour chier des papiers que plus personne n'a le temps de lire sont nombreuses et parfois très con, comme l’envie qui nous prend parfois de rendre justice à un disque de façon autrement plus convaincante qu’un communiqué de presse aussi bandant qu’un livre d’entretiens avec Laurent Romejko.

Dans le cas de Pleasure Model, c’est tout le contraire: en un paragraphe sur sa page Bandcamp, la personne qui s'est chargée de vendre ce second album du projet nous envoie plein d'étoiles dans les yeux en usant du sens de la formule concise que seul l'Anglais permet. D'ailleurs, la seule première phrase plie le game et résume bien le propos: "Amsterdamaged dancefloor industrialist Antoni Maiovvi’s futurist EBM alter ego, Pleasure Model, returns to SILK with a second slate of sleek, surveillance state cyber-jack: The Executive."

Cette phrase, elle résume parfaitement la vision défendue par un producteur qui est également patron de l'écurie Giallo Disco Records et qui nous a amené dire de lui qu'il avait pondu les B.O. que les remakes de Blade Runner ou Total Recall n'avaient pas eu. Pourtant quand on lui demande si il a cette approche cinématographique dans son processus créatif, Antoni Maiovvi explique qu'« avec Pleasure Model, j'essaie de ne pas trop réfléchir. Pour mes autres projets j'ai plutôt tendance à m'appesantir sur les détails mais ici j'ai travaillé à l'instinct pour que tout soit bouclé le plus vite possible. Ne pas réprimer mes impulsons, travailler à la chaîne. Après ce n’est pas un secret: je suis très influencé par le cinéma donc j’imagine que d’une manière ou d’une autre, ça influe sur mes projets. »

En effet, à l’écoute de The Executive, difficile de ne pas y voir une musique extrêmement évocatrice, faite pour les gens qui vénèrent autant Philippe K. Dick et Isaac Asimov que Drexcyia et Fad Gadget. D’ailleurs, ses influences musicales, Pleasure Model ne s’en cache pas, mais tient quand même à préciser: « J’adore Drexcyia et Fag Gadget. Mais mes goûts ratissent extrêmement large. Je ne sais pas si je serais capable de dresser la liste de tous ces artistes que j’ai découvert par hasard. Par exemple quand je fais mes emplettes sur Discogs, je tiens compte des frais de port, qui sont souvent les mêmes que je me fasse envoyer un ou six disques. Alors j’en achète quelques uns qui ne coutent rien pour rentabiliser l’envoi. C’est le meilleur moyen de découvrir des trucs auxquels je n’aurais autrement pas prêté attention. »

Percutant, froid et straight to the point, The Executive qui méritait un mix capable de répondre à cette attaque frontale que l’on avait pas vu venir: « J’ai récemment archivé par mal de LPs de ma collection qui se faisaient exploser quand je jouais dans des petits clubs. Certains de ces disques ont pris beaucoup de valeur avec le temps donc j’ai décidé de les mettre à la retraite et les transférer sur une clé USB. Je classe tout par BPM et c’est là que je suis tombé sur un paquet de bons trucs calés entre 135 et 140 BPM que je ne joue jamais. »