Dossier

Goûte Mes Mix #55: DkA

par Jeff, le 29 novembre 2015

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Tracklist

  1. Christopher Rau - Ne travaillez jamais // (Smallville Records)
  2. Marino Canal - Percolate (Original Mix) // (Mood Records)
  3. Io (Mulen) - Flute (Original Mix) // (Eating Records)
  4. Brett Johnson - Wizards & Mermaids // (State Of Flow)
  5. Anja Schneider - The Squaring (Original Mix) // (Mobilee)
  6. Patlac - Novoum // (Akbal Music)
  7. Mark MyWords & Unders - Someone s Ego (Original Mix) // (Play Label Records)
  8. DkA & Jon Mosto - Black Hills // (Unreleased)
  9. DkA - Anneessens // (Brüxsel Jardin Records)

Cet été, on a passé pas mal de temps dans les évènements organisés par Brüxsel Jardin. On y a bu énormément de bières. On a claqué un maximum de vannes foireuses aussi. Et on a entendu de très bons dj's aussi. C'est en traînant dans ces chouettes petites sauteries que l'on a appris l'existence du label Brüxsel Jardin Records. Après une chouette première sortie signée Nathan Øye et Cœur, on a eu droit à un EP façonné par un autre Belge proche de la structure, Dka.  

Et là, on s'est pris une belle petite gifle: trois titres de tech-house parfaitement calibrés, aussi efficaces lors d'une écoute domestique qu'en club. Un magnifique objet donc, conçu par ce qu'il conviendrait presque d'appeler un vétéran, puisque cela fait déjà un bon paquet années que le nom de d'Antoine Verbrugge est associé à divers projets. Soyons quand même honnêtes: si Dka tourne depuis des plombes, on connaissait mal le bonhomme. Ce fut donc un réél plaisir d'apprendre à connaître un producteur très attachant. 

Première surprise: il est basé à Charleroi, qui partage peut-être avec Berlin ces ambiances post-industrielles, mais n'a pas vraiment la vie nocturne et culturelle que l'on connaît dans la capitale allemande. Pourtant, le regard que porte Dka sur cette ville est séduisant, et va à l'encontre de bien des préjugés: "J’ai grandi dans cette région. Je suis parti à Bruxelles quand j’ai entamé des études d’ingé son et j’y suis resté pendant presque 8 ans. J’ai adoré habiter dans cette ville, je m’y suis fait des amis, j’ai appris beaucoup de choses en participant à des collaborations, c’était une période très dynamique. Mais dernièrement, j’ai ressenti un besoin de calme autour de moi. Je ne sais pas si c’est l’âge ou le fait que j’ai beaucoup tourné cette année mais j’en avais vraiment besoin. Notre bail se terminait fin août et avec ma compagne nous nous sommes posé la question de rester à Bruxelles ou de retourner dans la campagne. Toute notre famille habite dans la région de Charleroi, le besoin de calme et le fait de passer d’un appartement à une maison a pesé dans la balance. Je pense que le but est de retourner vers une vie plus saine pour mieux récupérer des mes prestations le weekend. Depuis, j’ai constaté une meilleur productivité dans mon travail et moins de stress.  Le fait que Charleroi bouge de plus en plus n’était pas un facteur de mon déménagement car même si c’est un plaisir d’y jouer, j’essaie de me concentrer sur les prestations à l’extérieur du pays. Je trouve ça génial comment la ville a évolué quand je vois la différence entre le moment où je suis parti et maintenant. C’est une ville qui à vraiment un décor et une histoire propice à l’underground et ce qui est assez drôle c’est qu’il n’y à pas de ‘juste milieu’, on y retrouve soit de l’ultra-underground ou de l’ultra-commercial. Je ne peux pas dire que je suis un grand connaisseur de la nuit carolo, mais de mon point de vue, j’admire énormément la persévérance de gens comme Jean-Christophe Gobbe avec le Rockerill. Quand on voit où ils en sont maintenant c’est énorme. Pour y avoir joué cette année, je peux vous dire que l’ambiance et la fréquentation n’a rien à envier à d’autres clubs du pays."

On le ressent très vite quand on discute un peu avec lui: Dka est un homme attaché à la terre, à l'expérience humaine, au sensations du réel. Cela se ressent dans son travail en tant que producteur, avec une musique qui recherche toujours la chaleur et la lumière: "J’essaie de retranscrire musicalement ce que je ressens par le biais d’expérimentations. Je laisse une grande place aux erreurs et au hasard dans mon travail. Chaque nouveau morceau est un nouvel exercice, un nouvel apprentissage. C’est pour ça que mon son évolue continuellement. Malgré tout, ma musique doit être dansante. Je veux faire passer de l’émotion dans chaque morceau. Prenons ‘Anneessens’ sur mon EP pour Brüxsel Jardin Records: il porte le nom du quartier où j’habitais à Bruxelles et le morceau s’inspire des émotions que je ressentais en y vivant. La mélodie est gentille et positive, comme l’ambiance du quartier. Par contre, le rythme est soutenu et évoque le coté nerveux de la vie en centre-ville. Quant à la ligne de basse elle vient souligner le coté dangereux de s’y promener seul la nuit. Pour être honnête je n'y pense pas en travaillant mais je constate que je suis conditionné par ce qui m’entoure."

Cette approche, on la retrouve également dans la sélection que nous a concocté Dka, soit une petite heure de musique anti-sinistrose, obsédée par le groove et les mélodies: "Dans ce mix, j'ai mis des morceaux que j’aime beaucoup, dont quelques exclus.Il y a du label belge à l’honneur avec Brüxsel Jardin Records, Play Label Records, le nouveau Eating Records et un State of Flow qui n’est pas encore sorti. J’y ai inséré aussi le titre "Black Hills" que j’ai fais avec Jon Mosto et qui servira de rampe de lancement à notre futur label 2 sides of à la fin du premier trimestre de 2016. En gros, c’est un mix avec pleins de potes dedans." Un gars qui privilégie l'humain, qu'on vous dit. Un bon gars aussi, au sens propre comme au sens figuré.  

https://soundcloud.com/dka