Dossier

Goûte Mes Mix #5

par Tibo, le 10 juin 2010

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Tracklist

  1. Few Nolder - Top
  2. Bernard Fèvre - Polyester
  3. Sutekh - The Diamond House
  4. Ciara - Get In, Fit In
  5. Soundhack - B1
  6. Max Tundra - M.B.G.A.T.E.
  7. Dolby Anol - Cancer Linda
  8. Anthony Shake Shakir - Plugged In
  9. Derrick May - R-Theme
  10. Aphex Twin - Fingerbib
  11. µ-Ziq - µ-Ziq Theme
  12. Hawerchuck - Camel Toe
  13. Squarepusher - My Red Hot Car
  14. G-Side - Run Thingz

La France électronique se devait de trouver ses nouveaux héros. Entre vieilles gloires poussiéreuses et nouveaux clones consanguins, un mince passage pouvait laisser la place à une révolution. Une vraie cette fois-ci. La rivière devenant fleuve, on ne s'étonne plus de voir les Mondkopf, Popof et autres dDamage tout en haut de l'affiche. A l'heure où l'on parle de cette génération ambitieuse comme de celle qui rendra à la musique électronique française ses vraies lettres de noblesse, il semblerait que Nil Hartman ait un rôle extrêmement important à jouer. Habile dans la composition, Nil Hartman est davantage un producteur prodige qu'un DJ au sens commun du terme : son premier EP, Comme Un (Presque) Printemps, est une bombe post-moderne coincée entre électro ultra-digitale et survivances post-acid, son approche visuelle est plus qu'engageante (en témoigne l'utilisation somptueuse du monome dans le clip de « Ma Disconica ») et son perfectionnisme pourrait bien le mener au premier rang des producteurs à acclamer.

Et puis surtout, Nil Hartman rime avec amour des belles musiques. En effet, à force de louvoyer vers la tendance, cette électro a fini par oublier l'objet de sa croisade : faire de la musique, de la belle. Mêler le superbe à l'intelligent, le synthétique à la transe, voilà le créneau qui a permis à Nil Hartman d'ouvrir la soirée Ed Banger au Sonar barcelonais et de réaliser dans la foulée la première partie du géant warpien Squarepusher. Une contradiction? Parlons plutôt d'un aboutissement. Et Nil de confirmer aussitôt : « J'essaie simplement de faire une musique qui soit la mienne, et dans ce sens j'imagine qu'elle reflète également la musique que j'aime, qui va tant de la braindance à une musique électronique ouvertement tournée vers la piste de danse ».

Et on le croit, lui qui joue en tirant sur les extrêmes limites qui séparent fascination vintage et production toute en synthèse : « Ce qui me touche le plus dans la musique qu'on pourrait qualifier de vintage, c'est la sincérité et le côté entier qui se dégage. Quand Mr Fingers fait « Amnesia », je crois qu'avant tout il se soucie de faire de la musique, et non pas de la house. J'ai une fascination pour la synthèse sonore : je trouve que les machines servent à ça, à créer des sons qui leur sont propres, sans se soucier d'imiter un piano ou un autre son déjà existant. ». Pas étonnant donc de croiser sur ce cinquième volet de notre série Goûte Mes Mix de vieille légendes de Detroit (Anthony 'Shake' Shakir, Derrick May) et des totems de l'electronica des années 90 (Aphex Twin, Squarepusher , µ-Ziq) qui se la jouent entre des productions de Max Tundra, Sutekh ou encore Soundhack.

Tout le personnage est là, assis comme un vieux collectionneur de bande dessinées pour qui chaque détail compte : du haut des pages légèrement cornées au glacis délavé, sachant que c'est au cœur même du matériau que se repose le prochain miracle. Ce jour-là, le vieux fera du neuf dans un nouveau conglomérat qui poussera les robots au suicide et convoquera les kids à leurs classiques. D'ailleurs, Busy P s'est plu à faire de Nil Hartman l' « Aphex Twin français ». Après tout, c'est peut-être là toute l'âme de l'Intelligent Dance Music.

http://www.myspace.com/mynameisnil