Dossier

Boîte à Trésors : Nicolas Rogès

par Amaury, le 9 novembre 2020

Si on connaissait déjà Nicolas Rogès pour son bon livre Move On Up, la soul en 100 disques, on est heureux de retrouver sa plume dans un ouvrage au long souffle qui se consacre cette fois plus particulièrement à Kendrick Lamar, ainsi qu'à l’entourage et la ville de ce dernier. Sans surprise, l’auteur y mobilise encore un savoir d’archiviste – dont on vous parlera plus en détails avec le prochain Marque ta Page, qui aborde donc son ambitieux Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche.

Cette capacité à accumuler des informations, à les débusquer comme à les articuler, ne constitue pas la principale qualité de l’auteur, ayant pris l’habitude de déployer son discours : tant sur les réseaux sociaux, dans des magazines comme Soul Bag, ou même à l’occasion de récits plus romanesques, Nicolas Rogès a quelque chose à dire de tout, et souvent le dit bien – avec beaucoup ou peu de mots.

Puisque nous avions prévu de le rencontrer, avant que le coronavirus ne retarde cet échange en gelant le monde de la culture et des relations humaines, on s’est dit qu’il était assez pertinent de lui demander une Boite à Trésors avec les 10 titres qui suscitent spontanément chez lui l’envie de libérer ses histoires. Ne sachant pas s’en empêcher, l’auteur a préféré nous livrer ses pépites du moment, toutes frappées d’un justificatif efficace. Et c’est tant mieux.

Reggie

Southside Fade

Premier titre sorti par ce mystérieux artiste de Houston. Une chanson courte, en forme de démo inachevée, qui réussit quand même à donner une belle définition de ce que pourrait être la douceur, en 2020.

Boogie

LolSMH - interlude

Le Rap de Compton version 2.0, habité par la peur, la paranoïa, le doute et la mort. Pas de glorification ou de déclaration de fierté mais plutôt un étalage des conséquences de la violence. Sans doute l’une des plus belles plumes du Rap Outre-Atlantique.

Elzhi

Light One, Write One

Et ça rappe, ça rappe et ça rappe encore. Le fin limier de Détroit revient avec un album sans autre prétention que faire étalage de ses talents de MC, prouvant à l’occasion qu’il n’a rien perdu de son aisance.

Conway The Machine ft. Westside Gunn & Benny The Butcher

Spurs 3

Démonstration d’ego-trip façon Griselda. Qui maîtrise mieux l’arrogance en 2020 ? Avec ce refrain habité de Westside Gunn qui, visiblement, se lave les dents et va se coucher avec son Mac-10. Avant de le nettoyer avec du savon. Tout un programme.

Damso

911

Une intrusion à la fois kitsch et jouissive de Damso dans le répertoire Disco/Funk. Le crossover est réussi et le titre, pas loin d’être addictif. Une prise de risque assumée, à l’image d’un album qui multiplie les influences sans tomber dans le patchwork indigeste.

Bino Rideaux

Balloon

L’alliance entre l’apprêté du Rap et l’élégance du R’n’B par l’un des protégés de feu Nipsey Hussle. Sous auto-tune, Bino, comme abattu, parle de la solitude d’un ancien Crip de Crenshaw.

Jaz Karis

Garden Rain

La voix, la magnifique voix de Jaz Karis habillée le plus simplement possible. Sacrément élégant.

C.S. Armstrong

IT AINT RIGHT

C.S Armstrong semble savoir tout faire : à la croisée entre le Blues, la Soul et le Rap, il ne s’interdit rien. Protégé de Dr. Dre, collaborateur de Terrace Martin, Kendrick Lamar, Brother Ali, Black Thought, Rapsody et bien d’autres, le chanteur s’apprête à sortir son premier long-format, après une multitude d’EPs.

Nick Grant & Tae Beast

Bless The Child

Entièrement produit par Tae Beast, l’un des architectes sonores de TDE, cet EP God Bless The Child concentre une bonne dose de Rap et de chansons à texte, en seulement quelques minutes. Solide démonstration.

Blu & Exile ft. C.S. Armstrong

Miles Away

Retour en grâce pour Blu & Exile des années après leur classique underground Below The Heavens. Accompagnés par le toujours juste C.S. Armstrong, ils prennent la route de la « Terre Promise », sans oublier ceux restés en arrière. Et nous embarquent dans leur virée.