Dossier

Boîte à trésors: Mountain Bike

par Jeff, le 23 mai 2014

Un disque qui « déjoue tous les pronostics des haters de bas étage avec classe, élégance et énergie », « l’un des disques estampillés ‘rock belge’ (whatever that means…) les plus honnêtes et les plus imparables de ce premier semestre » ou encore le travail de quatre gars qui marient à merveille « amour de la pop, velléités psyché et penchant très affirmé pour le rock garage, le tout avec une énergie qui n’est pas sans rappeler Thee Oh Sees ou Ty Segall, quand on ne pense pas aux impeccables The Allah-Las. » Vous l’aurez compris, ce premier album des néo-Bruxellois de Mountain Bike, on l’a bien kiffé. Logique donc qu’on leur demande une petite boîte à trésors histoire d’y voir un peu plus clair dans leurs influences, de comprendre ce qui les a amenés où ils sont aujourd’hui. Cet exercice, le groupe s’y est prêté avec plaisir. Cela nous donne dix titres

 

The Music Machine

The People in Me

C'est ma plus grosse référence sixties. Sean Bonniwell est le plus mystique des tarés de l'époque et ce titre mainte fois repris est issu du premier album du groupe aux gants noir. Ces musiciens de Los Angeles sont juste parfaits, les compos démentielles et parmi les plus avant-gardistes de l'époque. C'est pour moi un des premiers albums qui mélange la pop et le garage et je m'en sers toujours comme une référence absolue. (Etienne)

Bass Drum of Death

Spare Room

C'est le seul morceau un peu psyché et calme de leur premier opus GB City, sorti en 2011 sur l'excellent label Fat Possum. Ce que j'aime, c'est qu'ils ont su garder ce son dur et gras sur des morceaux de ce type comme sur sur les autres titres beaucoup plus trash. C'est probablement l'un des groupes les plus logiquement capable de succéder à feu Jay Reatard. Je les perçois comme une suite logique au garage américain sans forcément les mélanger à Ty Segall ou Thee Oh Sees. Ce sont des vrais gars fauchés du Mississippi, sans compromis, mais avec une vraie rage, instinctive et maîtrisée, que je ressens jusqu'au bout de mes ongles cassés. (Etienne)

Ty Segall

You're Not Me

Je me rappelle de la première fois que Ty Segall a joué à Bruxelles, j'ai fait sa première partie avec mon projet solo Billy Joe one man band. J'aimais déjà beaucoup sa musique et j'étais assez excité de le rencontrer et de jouer avec lui . "You're Not Me" est clairement le morceau que je préfère sur l'album Horn the Unicorn. Ce que je trouve bien, c'est que Ty Segall a commencé en mode one man band et que ses morceaux étaient déjà parfaits dans cette formation. Ensuite avec le groupe c'est juste devenu surpuissant! C'est incroyable l'énergie qu'arrive à dégager ce mec en live et sur album. Ce titre me rappelle la base et la simplicité nécessaires à la création d'un bon morceau. (Stefano)

The Black Keys

Set You Free

Je me lasserai jamais d'écouter les albums des Black Keys, en tout cas les quatre premiers. C'est le duo parfait. C'est dur de choisir dans leur discographie, tant elle regorge de bons morceaux qui m'ont défini tout au long de mon adolescence et ont influencé mon parcours musical. Mais l'album Thickfreakness est terrible. C'est la première sortie pour le groupe sur le label Fat Possum en 2003 (super label spécialisé dans le blues où l'on retrouve entre autre ce bon vieux Hasil Adkins) alors que leur premier album The Big Come Up était sorti sur le label Alive records, lui aussi très bon! On y retrouve les Radio Moscow et les Black Diamond Heavies, excellents groupes. Ce morceau "Set You Free" m'a collé à la peau pendant longtemps. À mes débuts dans la musique comme guitariste / chanteur, les Black Keys étaient ma référence. C'est le son, l'énergie et au final le blues. C'est par là que j'ai commencé. Maintenant je me retrouve bassiste dans Mountain Bike, c'est marrant, ça me change et ça fait du bien. Mais les bases seront toujours là , d'ailleurs tous mes lives avec Billy Joe one man band se terminent avec une reprise de "Your Touch" des Black Keys". (Stefano) 

Mudhoney

Into the Drink

Alors ce titre, c'est une énorme tuerie des 90's. Probablement l'un de mes morceaux favoris, tous genres confondus. Il y a sûrement une bonne part de nostalgie là-dedans, même si j'avais 7 ans quand l'album Every Good Boy Deserves Fudge est sorti sur Sub Pop en 1991… Ces gars-là sont cinglés, et le morceau est ultra-débile (j'adore le solo de guitare acoustique). J'aurais pu choisir "Heart Shaped Box" de Nirvana, "Man in a Box" d'Alice in Chains ou encore "Lake of Fire" des Meat Puppets mais Mudhoney…bordel! Encore un bon exemple de disque super cheap dans la production (un 4 pistes à bandes tout pourri) bourré de supers morceaux. Comme quoi la musique n'est pas une affaire de gros sous. Bref, une éthique irréprochable et un super sens de l'écriture. (Charles-Antoine)

Deerhunter

Nothing Ever Happened

J'ai récemment lu et entendu plusieurs personnes nous comparer à Blur. Personnellement je préfèrerais être comparé à Deerhunter. Si il est un groupe qui nous met tous d'accord, c'est bien celui-là. Ils parviennent à allier mélodie et puissance lo-fi, et même de passer de l'un à l'autre au sein d'un même album sans que rien ne choque ou ne jure. Microcastle / Weird era Cont est sans doute l'album de la transition pour eux, de l'underground total à la reconnaissance. Ils passent d'ailleurs de Kranky à 4AD avec ce disque. Il est difficile d'isoler un titre tant l'album se doit d'être écouté d'une traite, mais celui-ci me touche particulièrement. Un morceau plus "single" probablement. Pour moi ils parviennent à faire remarquablement la liaison entre tout l'underground garage que nous adorons (le 45t avec Jay Reatard, les collaborations avec les Black Lips et le projet Atlas Sound) et la musique volontairement plus pop et donc plus accessible - dans le bon sens du terme. Eternel tiraillement donc, car eux, ce sont de vrais modèles! J'ajouterai pour terminer que la production du disque est vraiment incroyable… (Charles-Antoine)

Mini Mansions

Thriller Escapade

Mini Mansions est le side-project de Michael Schuman, le bassiste actuel des Queens of the Stone Age. J'ai découvert cet album plus ou moins à sa sortie, et ça a vraiment été un coup de cœur qui perdure encore aujourd'hui, je ne m'en suis jamais lassé. Jamais eu l'occasion de les voir en live, ils ont tourné un petit peu (notamment en première partie de Foster the People, étrange) mais j'imagine qu'ils doivent jongler avec le calendrier des QOSTA, ce qui rend difficile l'organisation de tournées étalées sur plusieurs mois. C'est dommage, j'aimerais bien voir ce que ça rend sur scène: ils jouent à trois dans une formation assez originale, avec un clavier, une basse et une batterie jouée debout. Ça sonne assez proche à mon sens de ce que les Beatles période Sgt. Pepper / White Album auraient pu faire s'ils avaient enregistré à l'heure actuelle. Les chansons sont assez malignes, c'est bourré d'harmonies vocales à la Elliott Smith, de chœurs un peu barrés et de synthés / basses fuzz qui dégoulinent. Il y a aussi quelque chose qui me fait fort penser à Grizzly Bear là-dedans. (Aurélien)

Millionaire

She's a Doll

J'adore ce morceau. La chanson est toute bête mais les arrangements sont vraiment étranges, avec l'espèce de sample de violon (ou de je ne sais quoi) qui couine quasiment tout le long du morceau. Et puis il y a le pont au vocoder, la batterie qui sonne toute éteinte. C'est un des premiers groupes belges que j'ai découvert et adoré quand j'étais ado. Même si l'album est assez inégal, je le préfère au suivant. Je n'aime pas tout dessus mais il est bourré d'idées vraiment intéressantes, surtout en termes de production. Je pense que le groupe n'existe plus. Tim Vanhamel, le chanteur, venait des Evil Superstars, avait fait un crochet par dEUS et posé sa guitare sur le premier Eagles of Death Metal, mais je n'ai pas suivi ce qu'il a fait ensuite. J'ai juste écouté Creature With The Atom Brain, qui est le groupe du guitariste/claviériste, Aldo Struyf. C'est aussi le backing band de Mark Lanegan. (Aurélien)

Jason Lytle

Ghost of my Old Dog

Même si celle-ci me touche particulièrement, j'aurais également pu prendre bon nombre de titres de Grandaddy qui est en gros, sur album, Jason Lytle en studio à qui ses potes filent un coup de main. Je pense que c'est l'un de nos groupes fétiches au sein de Mountain Bike. J'avais une aversion pour les synthés avant de découvrir Grandaddy, et ils m'ont fait changer de point de vue. Jason Lytle utilise toujours énormément de nappes dans ses titres, il y a beaucoup de sons qui sonnent terriblement vieillots, voire kitsch, et pourtant je n'imagine rien d'autre à leur place. Je lisais une interview de lui l'autre jour où il disait qu'il voyait les instruments et les sons comme des couleurs, et ajoutait des couches à ses chansons jusqu'à ce qu'il ressente quelque chose. Je trouve ça assez frappant sur ce titre, qui est grosso modo un long crescendo qui monte, se rompt et remonte de plus belle, avec les instruments s'empilant les uns après les autres, tout en gardant l'esprit de l'introduction tout du long. J'aime aussi beaucoup la production, qui sonne très "fait maison" et n'a pas des masses évoluée entre The Sophtware Slump de Grandaddy, qui date de 2000, et cet album, qui date de 2009. Il connait son truc et continue à le faire, comme ça lui chante. (Aurélien)

Eels

Novocaine For The Soul

Un titre proposé par notre ingé-son Pierre Valfrey et qui a fait l'unanimité au sein du groupe. Le morceau est truffé de cassures abruptes, et c'est l'une des meilleures introductions d'album qu'on connaisse, avec l'espèce de batterie swing en sourdine surmontée d'une voix désabusée qui passe d'un coup au refrain hyper-saturé et compressé. C'est, selon nous, l'une des premières signatures de Dreamworks dans les années 90. Ils avaient un pied dans l'indie rock avec notamment Eels ou Elliott Smith, et l'autre dans le néo-métal avec Papa Roach ou Alien Ant Farm, chose qu'on a toujours trouvée assez amusante vu que leur catalogue était assez mince pour une major. On aime beaucoup le glockenspiel qui pointe son nez durant tout le morceau, et les arrangements de cordes qui gonflent le merdier tout en restant en retrait. C'est de la pop orchestrée qui reste catchy et va droit au but. Et on aime bien ça, nous, les buts. (Pierre, Aurélien, Charles-Antoine, Stefano, Etienne)

https://mountainbike.bandcamp.com/