Dossier

Boîte à trésors Black Devil Disco Club

par Jeff, le 19 juillet 2011

Bernard Fevre n'a pas la tête de l'emploi. Pourtant, envers et contre tout, Black Devil Disco Club continue de figurer comme un point de référence dans le gentil monde rose et sucré du disco (qu'on le conçoive avec ou sans house derrière). De ses premières apparitions en 1978 jusqu'à nos jours on retiendra un disque culte et introuvable – Disco Club, réédité en partie par Aphex Twin – et une avalanche de lignes de basse qui roulent, des claviers analogiques à en perdre la tête et surtout un humour complètement décalé. C'est sans doute cette dernière caractéristique qui a poussé Bernard Fevre à prendre notre concept à rebrousse-poil. En effet au moment de nous livrer une sélection de ses titres de référence, le Français a préféré nous parler de danses. Là où vous attendiez peut-être un Giorgio Moroder ou une Donna Summer on glosera plutôt de déhanchés, de pas à gauche, de pas à droite. Quoi de plus normal finalement que d'aborder trente années de disco sur base du langage corporel, il suffit d'observer à quel point faire du booty shake a toujours encadré toute bon genre musical qui se respecte, le disco tout en haut de la liste. Cette sélection imaginée sur un coin de table est donc à l'image de son auteur : décalée mais en définitive plus que pertinente. Une occasion de plus pour montrer que, décidément, Bernard Fevre ne fera jamais rien comme les autres.

A écouter: Black Devil Disco Club - Circus (album sorti en mai 2011 avec une pluie de guests de choix comme The Horrors, Afrika Bambataa, YACHT, Nacny Sinatra ou Jon Spencer)

La valse musette

Cette musique que dansaient mes parents avec frénésie. Quand ils m'emmenaient au bal avec eux, le son de l'accordéon me donnait une irrésistible envie de bailler, alors je m'endormais. C'était l'après guerre, c'était mon enfance, une autre civilisation où la communication n'était pas électronique.

Le Chachacha

La première apparition d'un pas de danse "clubbing" où il n'était plus besoin de se toucher pour séduire. C'était ma prime adolescence et le Chachacha est toujours lié pour moi à mes premières sensations érotiques. Je voyais les grands faire des choses plutôt curieuses...

Le Rock and Roll

Le Rock and Roll et ses 2 facettes : celui qu'on danse (comme dans la vidéo), il est même parfois acrobatique (on dit qu'il balance). Et celui qui fait taper du pied et bouger la tête (on dit qu'il pulse). Depuis les années 70 le rock pulse, il ne balance plus que très rarement. J'aime bien les deux, avec peut-être une légère préférence pour celui qui balance et qui fait voir les jupons des danseuses. J'avais mon premier groupe à 14 ans tendance Elvis donc, balançant.

Le Twist

En plein dans mon adolescence je l'ai dansé comme tous les babyboomers. Une danse rigolote mais qui peut quand même te baiser un genoux, alors on faisait des pause slow. Ah le slow! Avec les fonds de teint de l'époque, et la laque de l'époque, si t'avais une chemise blanche elle était teinte là où la fille avait posé sa tête, et quand la danse finissait il fallait décoller tendrement la joue de sa chevelure poisseuse de laque et de sueur. Quelle émotion !

Le Jerk

Le Jerk, c'est l'avant Disco. Une danse pour les jeunes mais aussi pour les quarantenaires cadres dragueurs de minettes. Je me marre toujours quand je vois Roger Moore danser le jerk dans certaines séquences de cette série avec Tony Curtis, "Amicalement Votre". J'allais souvent au Palladium et le Jerk, c'était un peu la musique qu'on dansait sur le sable qui était sous les pavés en 68.

Le Disco

Le Disco ou la Disco, j'ai jamais su… La musique de danse internationale, parce qu'elle est bourrée d'influences, elle est basique, tribale elle n'a pas de frontières sociale ni de ségrégation d'âge, tout le monde peut bouger sur la disco. En plus, elle a permis à un mec que je connais d'avoir une reconnaissance artistique à 60 ans… c'est pas beau ça? Enfin, sa musique elle est quand même bizarre. (rires)

Le Pogo

Ce n'est pas vraiment une danse, plutôt un chahut punk. J'attendais beaucoup du mouvement punk mais ça n'a pas décollé. On aurait pu vivre de nouvelles années soixante. Peut-être un manque d'humour, une jeunesse pas assez nombreuse sur le coup?

Le Reggae

Pas vraiment une danse non plus, plutôt une émotion. C'est ce balancement à l'envers qui m'a tellement intéressé dès 1975. J'ai entendu beaucoup de monde cracher sur cette musique. On dit que "ça ne bouge pas, que c'est toujours la même chose". Il n'empêche que parallèlement au disco et au rock, le reggae est là, un peu partout, tranquille avec son cône qui fume.

www.myspace.com/bddcreal