Concert

Nouvel An Belge

Paris, Le Divan du Monde, le 26 septembre 2009
par Adrien, le 28 octobre 2009

"Cette année, pour des raisons aussi aléatoires qu'impératives, la date du Nouvel An Belge tombe le 26 septembre", clamait le programme de cet événement haut en couleurs, partenaire de notre cher webzine franco-belge. Puisqu'il n'y a point date particulière pour s'adonner aux plaisirs de la bringue, les Belges investissaient Montmartre, quartier plus romantique qu'atypique au sein de la capitale, rayonnante de mille feux pour l'occasion.

Placée sous le signe de l'éclectisme, l'excellente programmation alliait déambulations de fanfares 100% Belges, dégustations de produits typiques - breuvages compris -, débats, projections ciné et donc concerts. Du rock survolté d' Austin Lace à l'électro-chic de Vive la Fête, en passant par le folk aventureux d'Absynthe Minded, le line-up musical a clairement tenu ses promesses, garant d'une scène musicale belge plus talentueuse que prolifique. Tandis que les salles du Backstage by the Mill, de L'Île Licite, des Trois Baudets et de l'Elysée Montmartre accueillaient leurs joyeux lurons, je me dirigeais vers le Divan du Monde, salle pigalienne des plus conviviales, afin d'assister aux épanchements lyriques du folkeux Kris Dane, au punch percutant du charismatique Daan et aux envolées pop/folk à tendance balkanique des Absynthe Minded.

Arrivés sur scène, Kris Dane et son comparse nous délivraient un folk ténébreux, lancinant et immersif que seule une poignée d'auditeurs aura congratulé, tant les bavardages de certains auront amoindri la qualité de la prestation. Malgré des applaudissements sommes toutes mesurés, le Chris Isaak belge, qui nous surprendra par ses mélodies road-moviesques, concluera sa prestation sur une touche amère, déçu par le manque d'enthousiasme de certains.

Venait alors le tour de Daan, groupe phare de la scène musicale belge, comptant parmi ses rangs pas moins de cinq musiciens menés à la baguette par le dandy désinvolte Daan Stuyven. Le décor est planté dès les premières mesures de "Exes", extrait du nouvel album de la formation. Ambiance électrique et bon enfant sont alors de la partie, le bonhomme et sa troupe passant aisément d'un bon vieux morceau de Rock punchy à un hymne disco jouissivement interminable, alors suivi d'une ballade des plus mélancoliques. Artiste protéiforme et schizophrénique musical dans l'âme, Daan nous délivre le temps d'un véritable show une prestation sans faille, maîtrise vocale et instrumentale au rendez-vous (mention spéciale pour Isolde Lasoen, autant habile à la batterie qu'à ses occasionnels contre-chants). L'énergie débridée du groupe, acclamé à l'issue du dernier morceau, une livraison d'électro frénétique particulièrement tapageuse, ne fera qu'achever un public bluffé et résolument déchaîné. Les cris exhortant au rappel n'y feront rien, Daan quitte l'auditoire sur la meilleure des impressions, celle d'une formation taillée pour la scène dont les membres, la trentaine voire la quarantaine passée, n'ont décidément rien à envier aux jeunes furies hyperactives sévissant sur la scène indie.

Pour clôturer la soirée, rien de mieux que l'arrivée fringante des gantois d'Absynthe Minded et leur Pop/Folk inspirée. A l'image de Daan, les cinq flamands se devaient de captiver l'auditoire avec prestance. Chose faite puisque la joyeuse bande à Bert Ostyn, par leur bonne humeur et leur professionnalisme, ont enchaîné les titres les plus emblématiques de leur répertoire. Se sont ainsi succédés, entre autres, l'incontournable "My Heroics, Part One", le bouillonnant "I'm a Fan" et ses accents balkaniques ou l'explosif "People of the Pavement". Bercés par les accords brillants de l'instrumental, entre un piano très cabaret, un violon lorgnant du côté de l'Europe de l'Est, une batterie balladeuse et des vocales percutantes, les spectateurs n'ont plus qu'à faire ce en quoi ils excellent : honorer les héros du soir par leurs applaudissements intarissables et autres cris et sifflements de réjouissance.

Fêter le Nouvel An en compagnie de ces fêtards de Belges aura décidément été une bonne initiative. Les dissensions entre Wallons et Flamands qui déchirent actuellement cette belle patrie auront ainsi été mises à mal à l'occasion de cet événement national, les deux “communautés” ayant marqué l'unité, toutes assujetties aux mélopées lascives et excès détonnants d'une patrie musicale Belge des plus prolixes. Preuve aussi que la musique made in Belgium ne se résume pas aux Girls in Hawai, Ghinzu et autres dEUS.  Souhaitons dès lors aux Belges une excellente année que l'on espère propice à d'agréables découvertes musicales et, tant qu'à faire, à une cohésion nationale affichée.