Concert

Black Lips

Bruxelles, Botanique, le 13 février 2009
par Romain, le 28 février 2009

C’est la mine réjouie et la bière à la main que je suis entré dans la salle pour vérifier si l’énergie des Black Lips sur scène est aussi intense qu’on le murmure sur les forums musicaux éclairés. Rien que l’idée d’un groupe de cette réputation se produisant dans un espace aussi confiné que la Rotonde pouvait me laisser imaginer à quoi allait ressembler mon t-shirt après une heure de jeu ininterrompu. En effet, mon t-shirt en a eu pour son grade (ainsi que tout le reste de ma personne, qui plus est). La première partie était assurée par 1982, un quartet belgo-international qui entama mes tympans assez sérieusement à coup de grattes incisives et de cris nerveux. L’accueil fut poli et le chanteur, cordial, nous récompensa d’un jet de confettis qui vint aussi relever le goût de ma bière. Une première partie bien balancée donc, qui correspondait bien à ce que la suite allait réserver.

Patience forcée de quelques minutes et arrivent les héros de la soirée, bonne humeur apparente et instruments plus ou moins accordés. Difficile d’entrer tout de suite dans le vif du sujet. Les deux premiers morceaux, tirés du nouvel album, ne semblent pas susciter l’agitation prévue. L’assemblée se contente d’acquiescer et un doute m’envahit : tout ça pour ça ? Moi qui étais pourtant aux premières loges, je n’avais pas ressenti la moindre envie d’empiéter sur l’espace vital de mes voisins et pourtant je ne m’en serais pas fait prier. Ce moment d’hésitation disparu en un instant dès que les Lips entamèrent Oh Katrina ! sans autres préambules. La Rotonde se transforma en un joyeux bordel de bousculades et de bières qui s’envolent sous les yeux ébahis des plus sceptiques qui s’étaient réfugiés sur les hauteurs.

Et crescendo, l’endroit se transforma en fournaise alors que les titres phares s’enchainaient comme "Dirty Hands", "Stranger" ou "Jumpin Around" et la pression n’est pour ainsi dire jamais retombée. "Hippie, Hippie, Hooray !" s’est achevé dans le flou artistique le plus total, chacun y allant de son petit n’importe quoi personnel avec une ferveur inébranlable ; tout était complètement faux, des chants aux guitares tandis que le background était assuré par le célèbre projecteur « à fluides colorés » des sixties psychédéliques. Le public est conquis, moi aussi.

Après avoir fait plusieurs tours de la salle sans vraiment l’avoir fait exprès, j’assiste à une fausse fin de concert sur "Bad Kids" qui annonçait clairement un rappel incendiaire.

On peut dire que j’en ai eu pour mon argent, j’ai eu la preuve que l’énergie des « flower punks » n’était pas une légende : mon t-shirt s’en souviendra toute sa vie. Je peux m’en aller tranquille et courbatu vers le Recyclart pour assister au Dj set orchestré par Bloc Party après son concert à l’Ancienne Belgique du soir même. Je peux d’ores et déjà vous annoncer que l’investissement temps/argent que j’y contracterai sera émotionnellement nettement moins rentable. Mais il s’agit là d’une autre histoire !