Z

My Morning Jacket

RCA – 2005
par Jeff, le 7 décembre 2005
8

Mais pourquoi n’ai-je pas découvert My Morning Jacket il y a trois années au moins, comme la plupart des gens normalement constitués ou un minimum informés ? Pourquoi ? Je m’interroge, cogite, brainstorme et réfléchis. Un sentiment mêlant incompréhension et écœurement m’anime. Car après moult réverbérations, je ne vois qu’une explication logique à cette aberration culturelle : une expérience parfois à la limite du traumatisant avec certains groupes en ‘My’ qui m’a instinctivement poussé à éviter toute formation dont le nom commencerait par ces deux consonnes. Pour n’en citer que trois : l’ersatz Brian Molkien de My Vitriol, les borborygmes sombres de My Dying Bride ou le punk pour prépubères paumés de My Chemical Romance.

Aussi, ce n’est que très récemment que j’ai découvert le groupe de Louisville grâce à une version épurée et absolument déchirante de « Hopefully » sur l’excellente compilation Duyster. Et me voilà aujourd’hui en possession de ce bien bel objet qu’est Z (et dont la couverture troublante n’est pas sans évoquer le Down the River of Golden Dreams d’Okkervil River). On m’avait souvent soufflé les termes « dream pop » et « lo-fi » et pour faire référence à la musique de cette talentueuse bande gravitant autour de son chanteur/compositeur Jim James. Et d’une musique mêlant imagerie folk, rêveries, magie et espaces lointains, il en est bien question sur ce nouvel opus porté par des arrangements aériens et une voix hors du commun, s’inspirant tant de Neil Young que de Wayne Coyne, et qui peut aisément se prêter à bien des acrobaties.

Ainsi, dès le final jouissif de « Wordless Chorus », l’auditeur est transporté dans une dimension cotonneuse faite d’épaisses (dégoulinantes diront certains) couches de reverbe et d’arrangements délicats. Au sujet de ces derniers, il faut noter que My Morning Jacket a pu compter sur la participation de deux artistes pétris de talent : Messieurs Andrew Bird et Matt Ward qui, usant de cette discrétion dont ils savent si bien jouer, viennent s’immiscer sur quatre des dix morceaux que compte Z. Souvent d’un calme olympien, la musique du groupe se permet parfois quelques écarts pour se révéler plus sèche (le tendu « It Beats 4 U » ou l’énervé « Lay Low ») voire carrément à l’opposé des sentiers qu'il bat habituellement (les airs reggae du single « Off The Record »). Dream pop, la musique du groupe l’est donc assurément. Pour l’aspect « lo-fi », il faudra par contre repasser. Entre production léchée, cordes en tous genres, chœurs lointains et instruments farfelus, on est bien loin de ce léger dépouillement que prêtent certaines personnes au groupe et qui ne se retrouve que sur quelques rares titres.

Il n’est jamais facile de prendre un train en marche. Or, j’entends dire à peu près partout que le groupe est coutumier des chroniques élogieuses. Renseignements pris auprès de certaines connaissances dignes de confiance concernant Z, la cuvée 2005 serait un brin inférieure à ses prédécesseurs. Note pour moi-même : me procurer au plus vite et les yeux fermés la discographie complète de My Morning Jacket car cette nouvelle production est à l’évidence d’une qualité plus qu'honnête.

Le goût des autres :
9 Splinter 8 Nicolas