You Are Eternity

Dadub

Stroboscopic Artefacts – 2013
par Simon, le 29 mars 2013
8

Mine de rien, Dadub a sauté dans le bon train en s’engageant avec Stroboscopic Artefacts à l’heure où le label n’était qu’un nain dans le macrocosme électronique. Depuis sa naissance en septembre 2009, la structure montée par Lucy n’a fait que grandir comme une tortue dans un aquarium toujours trop petit. Bien aidé par la montée en puissance des ambiances caverneuses et du retour en force de la techno de hangar, l’écurie de Luca Mortellaro est aujourd’hui un très grand de la techno industrielle. Si on se régale toujours des EPs de Perc, Kangding Ray, Marcus Suckut ou Pfirter, voici venu le temps du troisième long format. Et Dadub aura fort à faire pour se hisser au niveau des premiers essais de Lucy ou Xhin.

Pourtant Dadub a clairement le choix des armes en ce qu’il est probablement le plus complet des artistes du label italien. Peut-être parce que le duo a formé sa jeune légende sur un spectre dub-techno plus large que ses partenaires, peut-être aussi parce que le duo a toujours su composer des plaques extrêmement mutantes, loin de la rigueur de composition de ses collègues (et ceci est tout sauf un reproche). Arrive donc ce You Are Eternity que beaucoup ont déjà totemisé comme le disque techno de l’année. Et c’est vrai qu’il est rempli de qualité, à commencer par l’inévitable spatialisation de l’ensemble. Un vrai grand disque en 3D qui en imposera sur tout soundsystem de qualité, compte tenu de l’architecture toute en percussion de ce premier album. Parce que Dadub fait de la rythmique qui claque. Ici il n’y a pas véritablement de déluge techno ou de tronçonneuse industrielle, on est plutôt dans un disque d’humeurs, de teintes. C’est peut-être là le véritable talent de cette nouvelle scène techno-dub/bass music, de composer sur des sous-genres extrêmement codés tout en se laissant une place infinie à l’hybride qui pourrait en résulter.

Un grand disque d’ambient, de techno-dub, de drone, de uk garage et de grosses percussions qui tapent avec soin, alternant les phases de brumes et les grosses chevauchées rythmiques. Un disque à jouer dans des forêts noires, froid à l’extérieur et bouillant dedans, qui partage des sensibilités qu’on a pu retrouver chez Deadbeat, Andy Stott ou Voices From The Lake. Une vraie réussite qui s’apprivoise sereinement, et qui devrait passer l’épreuve du temps avec mention. Finalement les autres avaient peut-être raison, on tient là un vrai bon disque de techno.